A travers un article poignant, publié samedi dernier, 3 juillet 2021, par le journal Acharaâ Al-Magharibi, l’universitaire et juriste tunisien spécialiste du droit public, Sadok Belaïd, a diagnostiqué la situation politique du pays et a appelé à une démission des «3 présidents» tunisiens, Kaïs Saïed, Rached Ghannouchi et Hichem Mechichi, estimant que les choses ne pourront s’améliorer autrement.
Par Cherif Ben Younès
Belaïd a d’abord affirmé que la révolution (de 2011) a été volée et trahie par ceux qui ont prétendu soutenir et défendre l’islam, «alors qu’ils ne sont, en réalité, rien d’autre qu’un gang maléfique, faisant de l’islam un instrument de conflits religieux et de troubles politiques, un masque pour leur préceptes mensongers et une arme pour s’emparer du pouvoir, régner dans le pays et contrôler les rouages de l’État, afin de piller son argent et ses biens par tous les moyens d’enrichissement illégal et injuste», a-t-il écrit, en faisant allusion aux Nahdhaouis.
Une révolution volée et trahie
«Et ce n’est pas tout, poursuit-il, la trahison de la révolution ne s’est pas limitée à la détérioration politique, économique, sociale et culturelle interne, mais le crime a pris une dimension externe pas moins dangereuse ou nuisible pour le pays et pour ce peuple dans son ensemble. Pire encore, ce crime a affecté les intérêts fondamentaux du pays qui ont été vendus à des États et petits États à bas prix, en échange d’un soutien politique et financier bon marché, comme si on avait décidé d’imposer un colonialisme multiforme au pays, étape par étape et accord après accord».
Bien que nous soyons «tous complices du crime», selon M. Belaïd, qui emprunte cette expression à un film d’Andé Khayat, et ce, notamment à cause de notre crédulité «face aux ignorants, aux criminels, aux corrompus et aux menteurs [qui dirigent le pays]», il est nécessaire et urgent, souligne-t-il, de juger ceux qui ont été les plus nuisibles au pays.
Plus particulièrement, Belaïd pointe du doigt le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi, sans le nommer, mais en énumérant ses caractéristiques uniques, et en rappelant, notamment, qu’il est aujourd’hui (très curieusement) richissime, alors qu’il n’a jamais travaillé.
Nous sommes tous complices du crime
«C’est celui qui a atteint le plus haut niveau dans l’hypocrisie, la ruse politique, la confusion dans l’expression et la duplication des concepts, pour induire en erreur tous ceux qui se sont dressés contre lui, se sont opposés à ses idées et l’ont contredit dans ses choix. C’est celui qui a fait de la politique dans le pays en se basant sur la cruauté et l’animosité contre tous ceux qui poursuivaient une approche politique contraire à sa croyance et à ses convictions. Lui qui a manœuvré durant plusieurs années, lors de la mandature précédente, sous le couvert du prétendu système de consensus, et qui est en train de mettre en place ses filets pour piéger ses nouveaux partenaires politiques de la même manière», développe-t-il pour décrire le leader islamiste.
En deuxième lieu, c’est le chef de l’État, Kaïs Saïed, que tient Sadok Belaïed pour responsable des crises du pays…
«C’est celui qui, dans de nombreux domaines, représente l’image inverse de ce que nous avons mentionné dans le paragraphe précédent. Cet homme, contrairement à son partenaire susmentionné, qui revendiquait la connaissance, l’expérience et le bon sens dans la conduite des peuples vers ce qui aurait le plus grand bien dans ce monde et dans l’au-delà, s’est distingué par le fait qu’il n’avait aucune expérience prestigieuse dans les sciences juridiques autres que celle avec laquelle il a grandi, qu’il ne connaissait rien des affaires générales du pays, et qu’il n’avait ni savoir ni connaissance des affaires étrangères ou internationales, hormis sa sympathie particulière et inutile pour la cause palestinienne».
Pour Belaïed, l’idée d’un dialogue entre ces deux hommes à la fois nuisibles et incompatibles est insensée !
Bien qu’ils soient très différents, Ghannouchi et Saïed sont les premiers responsables
Finalement, le 3e sommet du triangle est le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, Un simple «pion», incapable de rien changer, et voué à jouer le rôle du bouc émissaire, selon l’universitaire.
Sadok Belaïd estime que personne de ceux qui gouvernent actuellement n’a encore de légitimité constitutionnelle et que la solution consiste en leur départ et en la reconstruction de la pyramide par le 4e quart de cette nation, à savoir le peuple, qui a déjà impressionné la planète lors de la révolution de 2011.
Lien vers l’article original, en arabe.
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