En déférant devant la justice l’ancien procureur de la république Béchir Akremi, dont les abus ont été pointés par le Comité de défense de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, les deux leaders de gauche tués par des extrémistes islamistes en 2013, puis par le rapport de l’inspection du ministère de la Justice, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) restaure la confiance des citoyens en l’intégrité et l’indépendance de leur justice, mais il ouvre aussi une boîte de Pandore, car une probable condamnation du juge Akremi aura de graves conséquences pour la Tunisie dans son ensemble.
Par Elyes Kasri *
Quelle est la responsabilité internationale de l’Etat tunisien lorsque des présomptions graves pèsent sur l’ancien procureur de la république tunisienne d’avoir sciemment paralysé et fait obstruction à l’instruction de plusieurs milliers de dossiers de terrorisme notamment ceux relatifs aux attaques terroristes contre le musée du Bardo, le 18 mars 2015, et l’hôtel Imperial Marhaba de Sousse, le 26 juin 2015, qui ont fait plusieurs dizaines de victimes étrangères.
Espérons que la Tunisie ne sera pas accusée d’être un Etat voyou et que notre contribuable ne sera pas confronté à un tsunami de demandes de dédommagement en devises étrangères et avec des moyens de coercition redoutables.
De toute façon, l’image idyllique de l’épicentre du printemps arabe semble céder la place à un mélange de suspicion, de dérision et de répugnance.
Un grand merci à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cet «acquis» historique pour la Tunisie, de la Constituante aux gouvernements nahdhaouis par procuration, téléguidage ou copinage !
* Ancien ambassadeur de Tunisie au Japon et en Allemagne.
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