Hier, mardi 23 novembre 2021, le ministre français de la Santé, Olivier Véran, a annoncé quelque 30 000 nouveaux cas de contamination par le coronavirus enregistrés la veille dans son pays, contre moins de 20 000 une semaine plus tôt. Alors qu’en France, et dans les autres pays d’Europe, on parle sérieusement de 5e vague, en Tunisie, celle-ci pointe aussi le nez, encore timidement, mais sûrement, puisque les chiffres commencent à reprendre à la hausse.
Par Imed Bahri
Avant-hier, 22 novembre, on a enregistré 5 morts, contre «seulement» 2 la veille. Par ailleurs, 4 177 tests de dépistage du coronavirus ont été effectués (contre 1 490 24 heures auparavant), dont 145 sont revenus positifs (contre 36 la veille). Le taux de positivité des tests est lui aussi parti à la hausse, soit 3,47% (contre 2,42% la veille). On peut imaginer qu’avec un nombre plus important de tests, on aurait pu enregistrer davantage de cas de contamination.
Il y a donc lieu de commencer à s’inquiéter sérieusement d’une hausse importante dans les prochains jours qui mettrait de nouveau le système hospitalier en difficulté, qui plus est, dans une conjoncture très défavorable : un refroidissement du climat lié à l’installation de l’hiver et une crise financière étouffante qui provoque déjà des pénuries de médicaments vitaux dans les pharmacies.
La campagne de vaccination marque le pas
Conscient de cette situation et redoutant les conséquences catastrophiques (et pas seulement sur la santé) d’une forte reprise de la pandémie, le ministre de la Santé, Dr Ali Mrabet a appelé hier au respect des gestes barrières et des protocoles sanitaires édictés par les autorités.
Le ministre a aussi préconisé l’intensification de la campagne de vaccination qui marque inexplicablement le pas. Car si les vaccins existent en nombre suffisant et qu’une partie de la population a commencé à prendre sa troisième dose, beaucoup de citoyens n’ont pas encore pris le chemin des centres de vaccination.
La Tunisie compte aujourd’hui 5 millions de vaccinés pour 12 millions d’habitants : cela fait moins de 50% de la population. C’est un taux jugé faible, d’autant que les pays européens ayant enregistré de fortes reprises de la contamination, comme l’Autriche, l’Allemagne ou la France, ont atteint des taux de vaccination approchant les 80%. Il y a donc lieu de tirer à nouveau la sonnette d’alarme. Et les professionnels de la santé commencent à s’y mettre sérieusement.
C’est le cas notamment du Pr Faouzi Addad, cardiologue, qui a lancé cet avertissement, dans un post publié hier sur sa page Facebook : «La vague covid-19 se rapproche progressivement de notre pays, en commençant à gagner les pays de l’Europe du Sud. Une accélération inquiétante des cas dans la dernière semaine semble montrer que les prochaines semaines pourraient être difficiles dans la zone Méditerranée. Malgré le contrôle de la situation sanitaire actuellement dans notre pays, elle demeure fragile vu le nombre de personnes de plus de 40 ans encore non-vaccinées. La journée portes ouvertes d’hier (dimanche 21 novembre, Ndlr) confirme d’une part que l’Etat n’a pas baissé les bras dans cette bataille épidémique et que d’autre part les plus récalcitrants sont encore très nombreux.»
Mettre les non-vaccinés devant leurs responsabilités
Exprimant une sorte de lassitude face au comportement suicidaire et irresponsable des non-vaccinés, qui font courir des risques inutiles à leurs familles et à leurs voisins, le médecin va jusqu’à oser cette interrogation sous forme d’avertissement à ces derniers : «Faut-il se rapprocher de l’échéance du 22 décembre pour l’application officiel du passeport vaccinal pour éviter un hiver chaud ou faut-il mettre les non-vaccinés devant leurs responsabilités en les confinant ou en rendant payants pour eux tous les frais d’hospitalisation dans les structures publiques en cas de formes graves?»
Espérons que les autorités ne seront pas amenées à prendre de pareilles mesures, mais face aux conséquences désastreuses d’une 5e vague qui porterait un coup fatal à l’économie tunisienne, déjà très mal en point et qui a du mal à repartir, on ne devrait reculer devant aucune éventualité pour voler au secours de la communauté nationale.
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