L’Arabie saoudite change et change beaucoup, à vitesse grand V, quand la Tunisie continue de s’enfoncer dans son interminable léthargie. Pourquoi? Tout simplement parce que l’Arabie a fait du pragmatisme sa nouvelle doctrine d’Etat quand la Tunisie a abandonné le pragmatisme, jadis sa marque de fabrique, au profit des idéologies et des dogmatismes mortifères.
Par Chedly Mamoghli *
Le leadership saoudien fait preuve de beaucoup d’intelligence, de pragmatisme et d’anticipation pour le monde de demain et il ne cesse de le prouver. Aucun domaine n’échappe à la nouvelle doctrine adoptée par le pouvoir à Riyad. Économie, le domaine ô combien central des énergies, diplomatie, domaine militaire, société, culture, etc…
L’Arabie saoudite, bien que grand pays producteur de pétrole (deuxième derrière les États-Unis devenus les premiers avec leur production d’hydrocarbures non conventionnels, le gaz de schiste, autorisés par Donald Trump), se prépare à exploiter des gisements d’uranium (son sous-sol en est riche) pour alimenter son programme nucléaire civil avec un partenariat chinois.
L’Arabie met également de gros moyens pour opérer une ambitieuse transition écologique avec une première centrale solaire de 300 MW et un parc éolien de 400 MW.
L’Arabie et ses rééquilibrages stratégiques
L’ Arabie n’a cessé d’opérer un rééquilibrage stratégique en diversifiant ses partenariats avec l’important accord de coopération militaire avec la Fédération de Russie signé l’été dernier mais aussi avec l’intensification du partenariat avec la Chine dans les missiles balistiques et aujourd’hui dans l’extraction de l’uranium pour un programme de nucléaire civil.
Sans parler de l’ouverture sociétal engagée, de la diversification de son économie (tourisme, loisirs, industrie agro-alimentaire, industrie pharmaceutique et même industrie cinématographique, le royaume est aussi devenu un grand producteur de phosphate, etc…) et du renouvellement des dirigeants avec beaucoup de jeunes et de femmes dans des postes-clés politiques, diplomatiques et économiques.
Un pays qui à de l’ambition et qui ira loin quand notre pays hélas jadis à l’avant-garde de la modernité et porte-étendard du pragmatisme dans le monde arabe se morfond dans une crise asphyxiante sans fin causé par les idéologies et les dogmatismes des islamistes, des syndicalistes de l’UGTT qui appartiennent à l’ère d’avant la chute de mur Berlin et un président qui veut imposer par effraction sa révolution bolchevique avec son «projet» de la Nouvelle construction et ses kolkhozes («chérikat ahliya»).
La Tunisie et ses dogmatismes suicidaires
À l’heure où le pragmatisme est la doctrine des nations intelligentes, nous sommes noyés dans les idéologies et les dogmatismes destructeurs et suicidaires. Quel aveuglement! Quel domage et quel gâchis!
Il ne s’agit pas là de comparer les deux pays différents à bien des égards mais de dire que la Tunisie, nation pionnière du pragmatisme dans le monde arabo-musulman, l’abandonne alors qu’il a fait ses beaux jours quand des pays comme l’Arabie saoudite abandonnent les archaïsmes et les idéologies paralysantes pour adopter la seule doctrine qui permet aux pays d’exister et de s’imposer dans un monde extrêmement compétitif et exigeant.
La Tunisie ne se relèvera qu’en renouant avec le pragmatisme. Quant à l’Arabie saoudite, qui a compris que les idéologies et les dogmatismes sont du poison, elle avance et s’impose et nous lui souhaitons le meilleur.
* Juriste.
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