En perte de vitesse et de crédibilité depuis un bon bout de temps –et pour d’infinies raisons !–, désavoués et honnis à l’intérieur, il ne reste plus aux dirigeants d’Ennahdha que de continuer à prêcher, à l’extérieur, que leur islam est démocratie-compatible. Au lendemain de la révolution, ils ont trouvé preneurs à leur supercherie. Plus de onze ans plus tard, ils servent encore aux amis de la Tunisie la même «foutaise»…
Par Moncef Dhambri
Cette semaine, l’inénarrable nahdhaoui Radwan A. Masmoudi s’est attelé à cette tâche en réagissant à une tribune publiée, le 4 février 2022, dans les colonnes du ‘Washington Post’ (‘WP’) dans laquelle l’auteur, Josh Rogin, –qui titre «La démocratie en Tunisie est en train de disparaître sous nos yeux» appelle l’administration Biden à faire comprendre à Kaïs Saïed qu’il ne peut pas poursuivre sur la voie de ce qu’il a entrepris le 25 juillet et le 22 septembre et ce qu’il compte encore faire… Bref, que les Etats-Unis devraient exprimer leur désaccord avec ce qui se passe en Tunisie et qu’ils devraient joindre l’acte à la parole.
Si la démocratie échoue là-bas…
Dans son courrier du lecteur au ‘WP’, Radwan Masmoudi explique qu’il y a «un lien indéfectible» entre le processus démocratique tunisien et ce qui existe et peut advenir partout ailleurs dans le monde arabe. Traduisons : il y a une extrême urgence pour la Maison Blanche de réagir face aux développements en Tunisie, car il y irait du sort de la démocratie dans toute la région proche- et moyen-orientale… et, très certainement si l’on suit le raisonnement du président nahdhaoui du CSID (Centre des études de l’islam et de la démocratie), bien au-delà.
L’enjeu est de taille, avertit Masmoudi : «Si la démocratie échoue là-bas (en Tunisie, ndlr), tous les frémissements d’un avenir démocratique en Egypte, Syrie, aux Emirats arabes unis, en Arabie saoudite, Libye, Algérie et ailleurs dans le Moyen Orient cesseront d’exister.»
Voilà, Radwan Masmoudi l’a dit, Washington sait à présent à quoi s’en tenir.
Dans sa lettre au ‘WP’, le Nahdhaoui ne se contente pas de jouer le rôle de lanceur d’alerte. Il fournit même, au législatif et à l’exécutif américains, la solution pour prévenir ce qu’il considère comme étant une «calamité», à savoir l’échec des transitions démocratiques arabes…
Masmoudi appelle à des sanctions américaines contre la Tunisie
Radwan Masmoudi suggère à l’administration Biden de retirer à la Tunisie son statut d’allié majeur non-membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan), «de déclarer que ce que Kaïs Saïed a entrepris en juillet dernier comme un coup d’Etat et, par conséquent, de suspendre toute forme d’aide américaine, économique et militaire, à la Tunisie.»
Et cette sanction de la Tunisie, ajoute Masmoudi dans sa missive, ne devra être levée que le jour où Kaïs Saïed cessera de gouverner en autocrate et que l’Assemblée des représentants du peuple reprendra ses activités…
Voilà, nous y sommes : la lâcheté et la trahison nahdhaouies n’ont pas de limites. Ennahdha, acculé comme il est depuis le 25 juillet dernier, ne recule devant rien. Il vend sa dignité –et bien plus s’il le faut– pour s’accrocher au pouvoir.
Que la Tunisie et les Tunisiens crèvent !…
Inutile de dire –mais disons-le, quand même– que ce genre d’attitude et de propos nahdhaouis aura pour effet d’apporter de l’eau au moulin du preux Chevalier d’El-Mnihla et de ses troupes du «peuple [qui] veut» : leur mission de sauvetage de la Tunisie n’en sera que plus grande encore et –veuillez excuser cet emprunt à feu Mouammar Kadhafi– «Toz fi Amérika !» («L’Amérique, je m’en contrefous!»)…
* Universitaire à la retraite et journaliste.
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