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Les leçons du Dr Ahmed Landolsi

Ahmed Landolsi homo

Au final l’opium du peuple tunisien n’est pas seulement la religion mais surtout et essentiellement la médiocrité télévisuelle dont on le gave.

Par Karim Ben Slimane *

Dans un extrait de son passage dans l’émission ‘‘Klem Enness’’ sur la chaîne Al-Hiwar Ettounsi, qui engourdit bien les neurones au lieu de les stimuler, l’acteur Ahmed Landolsi s’est fendu d’une théorie pour le moins originale qui risque de faire date dans le développement de la science.
Destruction du goût et de la conscience des Tunisiens

Alors Ahmed Landolsi ne s’en cache pas : il est homophobe. Un sentiment que partagent par ailleurs beaucoup d’autres Tunisiens. Alors, ce qui est intriguant dans cette affaire n’est pas qu’on diffuse des propos haineux qui incitent ouvertement à la violence contre une liberté individuelle, car il ne faut surtout pas déranger nos brillants animateurs de télé dans leurs entreprises de destruction du goût et de la conscience des Tunisiens, mais ceux sont les arguments employés par notre talentueux acteur.

M. Landolsi, tel Monsieur Jourdain, qui lui faisait de la prose sans le savoir, fait dans la découverte scientifique aussi sans le savoir. Notre brillant acteur distingue entre trois catégories d’homosexuels. En premier il y a ceux élevés dans le giron de leurs mères et qui n’ont pas été exposés à l’univers masculin initiatique et formateur de leur virilité. Ils sont précieux et mollassons. Les deuxièmes sont les homosexuels qui se cachent et suivent la recommandation divine «si vous désobéissez, dissimulez-vous». La troisième catégorie est constituée des «folles» selon notre illuminé, ceux qui ne se cachent pas et qui bravent les tabous sociaux.

Et de continuer sur un ton docte, Dr Landolsi considère que les premiers et les deuxièmes peuvent être tolérés. En revanche la troisième catégorie notre inquisiteur lui réserve les pires châtiments. Dr Landolsi affine son argumentaire en rappelant son attachement à l’islam, notre religion dit-il, et à sa culture de «houma arbi», deux univers où l’homosexualité serait honnie.

La Tunisie a donc encore une fois gagné un savant, car il est vrai que depuis la retraite médiatique de l’agitateur islamiste Adel Almi, on n’apprend plus rien dans les émissions de télévision. On se rappelle tous le lien qui a été établi par M. Almi entre mini-jupe et catastrophes naturelles, maintenant nous avons notre trilogie des homosexuels par Dr Landolsi.

Un paysage audiovisuel indigent et vulgaire

Ce qui est dérangeant dans l’affaire est que Adel Almi est un marchand de tapis qui voulait ajouter la religion aux rayons de son échoppe, alors que Andolsi est censé être un acteur et se présente comme un artiste. Mélanger les artichauts et la religion n’a rien de choquant à mes yeux, cependant mélanger l’art et la religion me parait une entreprise un peu plus périlleuse.

A la décharge du Dr Landolsi, l’école Sami Fehri, ci-devant patron de la chaîne Al-Hiwar Ettounsi, à laquelle il doit son ascension souscrit à une vision de l’art bien particulière. Nul besoin d’avoir une sensibilité artistique quelconque ou encore de s’abreuver à tel ou tel autre courant littéraire, il suffit d’avoir une belle gueule et un joli postérieur. Alors que le cinéma et l’interprétation sont synonymes de transcendance de soi et de libération du corps et de l’esprit, Dr Landolsi ne l’entend pas de cette oreille sa culture de «houma arbi» le lui interdit. Vous ne verrez donc jamais Ahmed Landolsi dans un rôle autre que celui d’un macho, décérébré, bête et méchant, autrement il n’aura même pas besoin d’interpréter de rôles il lui suffira de jouer son propre personnage.

Quand l’artiste propage la haine et l’ignorance il se rend coupables des pires forfaits, condamner l’art à être un vulgaire miroir de la société qui s’accommode de ses frustrations et prend soin de les ménager.

Le problème est que ces pseudos artistes se sont maintenant confortablement installés dans le très indigent paysage médiatique et culturel du Tunistan comme des personnages publiques. On sait tous comment pendant des siècles on a entrepris d’assassiner à doses homéopathiques le cerveau des Tunisiens, aujourd’hui on s’attaque à leur sensibilité, à leur goût, à leur conscience et à leur tolérance. Au final l’opium du peuple tunisien n’est pas seulement la religion mais surtout et essentiellement la médiocrité ambiante qui l’entoure.

Encore une fois la télévision tunisienne et mon animateur adoré Amine Gara m’ont donné une nouvelle fois la nausée. Je leur en suis reconnaissant car c’est cette nausée qui a libéré ma plume pour pousser ce coup de gueule.

*Spectateur rigolard de la scène tunisienne.

 

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