Rajeunissement, recentrement et normalisation semblent être les nouveaux mots d’ordre du mouvement Ennahdha dans sa stratégie de reconquête du pouvoir.
Par Imed Bahri
Le président du Conseil de la Choura d’Ennahdha, Fathi Ayadi, a annoncé samedi l’adoption de nouvelles conditions pour la candidature à cette haute instance du parti islamiste tunisien.
Ces mesures, décidées à quelques semaine du prochain congrès, visent, à l’évidence, à rajeunir les effectifs de ce mouvement, fondé il y a une quarantaine d’années et dont certains membres de la première garde, à commencer par le président Rached Ghannouchi et le vice-président Abdelfattah Mourou, tiennent toujours solidement les rênes.
Parmi les nouvelles conditions adoptées par le Conseil de la Choura, le candidat peut désormais se prévaloir de 3 ans d’ancienneté au lieu de 5 auparavant.
L’exigence d’avoir déjà assumé des responsabilités dans le gouvernement ou dans les structures centrales du mouvement a tout simplement été supprimée.
Quant à l’âge minimum de candidature au poste de secrétaire général régional, il a été baissé à 30 ans.
Outre la rajeunissement des effectifs, ces mesures visent à permettre d’absorber les éléments venus d’autres partis ou horizons politiques, notamment les destouriens et RCDistes, anciens ennemis jurés devenus une réserve électorale potentielle pour un parti qui, lors de son accession au gouvernement entre 2012 et 2014, a mesuré l’ampleur de son impréparation et de son incompétence en matière de gestion des affaires publiques.
Ces mesures visent aussi, on l’a compris, à assurer un meilleur appui au nouveau positionnement politique et aux nouvelles positions centristes d’Ennahdha, qui cherche désormais à s’adapter aux spécificités tunisiennes, après avoir cherché en vain à imposer aux Tunisiens et aux Tunisiennes une idéologie importée inspirée des Frères musulmans.
Ces mutations, dont le principal artisan demeure le patriarche Rached Ghannouchi, auront aussi pour conséquence de pousser vers la porte de sortie les éléments purs et durs et les radicaux dont la place n’est plus garantie au sein d’Ennahdha, désormais allié des modernistes et laïques de Nidaa Tounes.
Pragmatiques, opportunistes et fin manoeuvriers, les dirigeants d’Ennahdha ne reculeront désormais devant aucune concession idéologique pour se faire accepter de la Tunisie profonde et, ce faisant, vaincre les résistances de l’Etat profond, dont le contrôle reste, au final, leur but principal et stratégique. Cette stratégie se résume en deux mots: reculer pour mieux sauter…
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