Mustapha Ben Jaâfar, Moncef Marzouki et Hamadi Jebali: Ah, le bon vieux temps de la troïka!
Mustapha Ben Jaâfar ne peut plus se mentir. En acceptant le rôle de petit larbin à la solde d’Ennahdha, il est passé définitivement à côté de la grande histoire…
Par Dr Sami El Mekki*
Tout récemment Mustapha Ben Jaâfar, la tête haute, a déclaré que «la troïka (ancienne coalition gouvernementale conduite par le parti islamiste Ennahdha, NDLR) assume une part de responsabilité dans la prolifération du terrorisme en Tunisie». S’il était encore parmi nous, Bourguiba lui aurait sûrement rétorqué : «Trop peu et trop tard.»
Après deux longues et pénibles années d’une étroite et honteuse collaboration avec les islamistes, en 2012 et 2013, M. Ben Jaâfar, cherche aujourd’hui à prendre ses distances et à se disculper sans aucune vergogne en jetant la pierre à ces mêmes islamistes, auxquels il doit la présidence de l’Assemblée nationale constituante (ANC) de janvier 2012 à janvier 2015, leur faisant porter la responsabilité dans la prolifération du terrorisme, tout en omettant de reconnaître ses propres erreurs, qui ont conduit la Tunisie au fiasco socio-économique, politique et sécuritaire actuel. Ne voulant pas retenir la leçon, il semble vouloir continuer à naviguer au gré du vent. Comme un poulet de basse-cour, il s’accroche aux quelques plumes qui tiennent à peine à son corps, le reste du plumage ayant déjà été perdu dans de vains et faux combats.
Sans fermeté ni valeurs, ni principes
Le fondateur et ancien président du Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL, Ettakatol) a toujours donné, aux observateurs neutres aussi bien qu’à ses détracteurs, l’idée d’un responsable politique dépourvu de fermeté, de principes, de valeurs et de cohérence. La quasi-totalité de ceux qui lui ont accordé un préjugé favorable n’ont pas tardé de se détourner de celui qui avait fait figure, un moment, de personnalité vouée à un avenir politique radieux. Mais si elle lui a offert sur un plateau la présidence de l’ANC, tâche dont il s’est du reste acquitté sans panache, la grande et merveilleuse histoire d’amour entre M. Ben Jaafar et Ennahdha n’a pas porté chance à l’ancien militant démocrate. C’est à peine si elle a offert un petit quart d’heure de gloire…
Durant son mandat à la tête de l’ANC, fort heureusement éphémère, le flop à été monumental et le ratage magistral. On a divisé la nation, affaibli et ridiculisé l’Etat et tenté de détruire la république, dans une tentative têtue d’instaurer un Etat islamique… Et M. Ben Jaafar s’est scandaleusement illustré par son silence aussi complaisant que complice, s’adaptant formidablement au rôle de l’homme invisible auquel le destinait ses employeurs islamistes.
On a ainsi assisté, pétrifié et désemparé, à la désinstitutionalisation de l’Etat, avec la nomination honteuse à la tête des administrations d’une flopée d’incompétents et d’incapables. Et notre homme d’Etat n’a cessé de se cacher, se prévalant, bien évidemment, de l’intérêt général, avec une démagogie qui n’a trompé personne.
L’histoire ne pardonnera pas
Celui qui nous a habitués à de timides positions de défenseur des droits et des libertés sous le régime autoritaire de Ben Ali s’est littéralement éclipsé en passant un coup de chiffon magistral sur son passé de militant pur et dur. Sa maestria, c’est qu’il sait être fort avec les faibles et faible avec les forts, et c’est ainsi qu’il arrive à s’imposer comme les hommes politiques sans envergure et, surtout, sans principe.
Il paraît aussi que les militants du défunt parti Ettakatol ont été les premiers déçus par leur chef. Abasourdis et estomaqués, ils n’ont pas compris ce qui leur est arrivé après les prouesses et les performances politiques de leur champion…
Alors que les scandales dans notre pays se sont multipliés à un rythme effréné, il s’est non seulement inscrit aux abonnés absents, mais pire encore, il a curieusement disparu de la scène politique.
Il ne peut plus se mentir, M. Ben Jaafar est passé à côté de la grande histoire… Aucun buvard n’effacera cette tache de son curriculum vitae qui a été, jusqu’à sa présidence de l’ANC, plus qu’honorable.
Les Tunisiens et l’histoire ne lui pardonneront pas… Un jour ou l’autre, ils lui présenteront l’addition qui sera indéniablement très salée…
En fait, qu’a-t-il fait pour la Tunisie post révolutionnaire? Et qu’a-t-il laissé de son passage aux affaires? Du vent, du vent et rien que du vent…
Selon un proverbe hébreu du 18e siècle : En fin de vie, l’ambition détruit toujours son homme…
*Médecin pneumologue.
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