L’homme d’affaires Chafik Jarraya, proche du dirigeant islamiste libyen Abdelhakim Belhaj, s’autoproclame «médiateur» entre la Tunisie et la Libye.
Actuellement à Tripoli, accompagné d’une délégation de journalistes et d’hommes d’affaires tunisiens, Chafik Jarraya a indiqué que sa visite vise à dissiper les nuages qui se sont amoncelés dans le ciel des relations tuniso-libyennes, après l’enlèvement et la séquestration d’une dizaine de fonctionnaires du consulat de Tunisie à Tripoli par l’une des milices islamistes affiliées à Fajr Libya.
Des rencontres seraient donc prévues entre la délégation tunisienne et le chef islamiste, Abdelhakim Belhaj, leader du part El-Watan, et ses alliés membres de la nébuleuse islamiste, pour essayer de dissiper les malentendus et dégeler les relations entre les deuxpays.
Une photo postée sur une page Facebook proche de Fajr Libya montre la «délégation» tunisienne au cours d’une pause au café Ksar Tarablos, à Trpoli. On y voit, entre autres, le journaliste Mohamed Amin Mtiraoui et la cinéaste et syndicaliste Ines Ben Othman.
Voici, par ailleurs, la liste des membres de la «délégation» accompagnant Chafik Jaraya, telle que publiée par nos confrères de ‘‘Réalités’’: Ramzi Trabelsi, Mohamed Amine Bardaa, Bechir Ben Mahjoub, Zouhair Ben Zouitina, Ibrahim Ben Issa,Faouzi Mahbouli et Abdelmajid Elloumi (hommes d’affaires); Kawther Daassi, Slim Jebali, Amin Mtiraoui, Ines Ben Othman, Anis Ben Abdallah, Houcem Mechi, Mohamed El May, Hichem Belhadj Amor (journalistes).
Cette «mission» pose un certain nombre de questions. De quel droit Chafik Jarraya, ancien partenaire de Belhassen Trabelsi, gendre de l’ancien dictateur Ben Ali, se pose-t-il en médiateur politique? A-t-il été autorisé par le gouvernement tunisien pour jouer ce rôle? Est-ce que sa mission a été organisée en concertation avec le ministère tunisien des Affaires étrangères? Qui paye les frais de transport, d’hébergement, etc., des membres de la délégation?
Pour qui roulez-vous M. Jarraya ?
La «mission», qui vise à redorer l’image de Fajr Libya – milices violentes constituées par des preneurs d’otages – n’apportera rien à la Tunisie et aux Tunisiens. De mauvaises langues prétendent même que cette «mission» est financée (ou grassement payée) par la partie libyenne et, plus précisément, par Abdelhakim Belhaj.
Chafik Jarraya, et les soi-disant journalistes et hommes d’affaires l’accompagnant, doivent des explications non pas seulement aux autorités tunisiennes, mais aussi au peuple tunisien qui a de bonnes raisons d’avoir des réserves sur une «mission» aux objectifs pour le moins louches.
Y. N. M.
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