Confronté à la précarité, Mohamed, un adolescent originaire de Sened, Gafsa, a mis le feu à son corps, hier. Il a rendu l’âme aujourd’hui.
Mohamed Boukthir (17 ans) habite dans une localité située à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Gafsa. Il a quitté l’école à 16 ans, car ses parents ne pouvaient plus assumer les frais de sa scolarité et, depuis un an, il cherche un travail pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, mais sans résultat.
Hier après-midi, l’adolescent s’est imbibé d’un produit inflammable et est sorti dans la rue. Il a fait part de sa détresse et dit aux passants que l’avenir était noir à ses yeux, qu’il se sentait incapable d’assumer son existence, étant condamné à vivre dans la précarité sans pouvoir aider sa famille, pour laquelle il était devenu une charge.
Les passants ont tenté d’empêcher Mohamed de mettre le feu à son corps, mais tout est allé très vite. Ils ont réussi à éteindre les flammes et alerté la protection civile qui a transporté le jeune homme à l’hôpital de Gafsa où il a rendu l’âme ce matin.
Les amis de Mohamed sont accablés par sa mort. «Il a mis le feu à son corps et brûlé nos cœurs. Il était gentil mais désespéré par un avenir incertain. Nous le sommes d’ailleurs tous ici à Sened, où le niveau de vie est très bas. Nous ne vivons pas, nous survivons», a indiqué l’ami du défunt, Raouf, à Kapitalis, en ajoutant que la Tunisie s’enfonce de plus en plus dans la crise et les Tunisiens dans la détresse.«Peut-être que vous, dans les grandes villes, vous ne le ressentez pas encore, mais croyez-moi, dans ma petite ville et dans les régions pauvres, nous savons que la Tunisie est réellement en grand danger», ajoute Raouf, inconsolable.
Y. N.
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