L’absence de Kaïs Saïed des écrans médiatiques depuis une dizaine de jours commence à faire jaser dans les réseaux sociaux en Tunisie, où la perplexité cède peu à peu la place à l’inquiétude. (Illustrations: dernière apparition publique en date du président Saïed dans les ruelles de la médina de Tunis, le soir du 22 mars).
Par Imed Bahri
La dernière sortie publique du président de la république remonte au 22 mars 2023, soit à la veille du mois de Ramadan, quand il a été prier à la Mosquée Zitouna, avant de faire une «escapade», et c’est le cas de le dire, dans les quartiers de Bab Souika et de Halfaouine, dans la médina de Tunis. Depuis silence radio. De quoi alimenter les rumeurs les plus folles dans les réseaux sociaux.
Comme la présidence de la république n’a pas de porte-parole ni de responsable des relations avec les médias, nous autres journalistes, censés informer les citoyens, sommes réduits, nous aussi, à nous poser des questions sur cette «disparition» qui est d’autant plus inexplicable qu’elle succède à une période d’intense activité qui a vu le président multiplier les apparitions publiques et les déclarations coups de poing.
Silence assourdissant des autorités
On comprend dès lors que les réseaux sociaux foisonnent depuis quelques jours de vagues supputations, de fausses confidences et de vraies rumeurs, alors que les autorités observent un silence assourdissant, les membres du gouvernement donnant même l’impression de s’agiter et de broyer du vent pour remplir le vide laissé par l’absence du chef de l’Etat qui, comme on le sait, incarne la totalité du pouvoir dans le pays, tous les autres hauts responsables de l’Etat n’étant que des supplétifs et des comparses sans réel poids.
Certains commentateurs disent que le président est connu pour sa piété et que le mois de ramadan est propice à la méditation. Serait-il en train de s’adonner à quelques rituels mystiques ? Mais s’agissant d’un hyper-président et d’un chef d’Etat omnipotent, une telle explication a peu de chance de convaincre, d’autant que le pays traverse une grave crise et qu’il est censé s’activer, et notamment sur le plan diplomatique, pour mobiliser ses partenaires et amis en vue de l’aider à dépasser ses difficultés financières actuelles.
Les rumeurs relatives à une soi-disant «maladie», qui deviennent persistantes, mériteraient d’être confirmées ou, surtout, infirmées par les autorités afin de couper court à toute interprétation malveillante ou tendancieuse, la santé d’un président de la république étant une affaire trop grave pour être traitée avec légèreté et désinvolture à travers les réseaux sociaux. Et pour cause, elle n’implique pas seulement le président, son entourage et son équipe : elle implique aussi les douze millions d’âmes dont il a la charge et qui ont le droit de savoir, et plus encore de chasser le doute et d’être rassuré.
Absence qui suscite des inquiétudes
Pour donner une idée sur l’ampleur du débat que suscite la non-apparition publique du président de la république depuis le 22 mars dernier, nous reproduisons ci-dessous le post facebook que l’activiste politique et ancien chroniqueur de la chaîne Attessia Adnane Belhajamor a consacré à ce sujet et qu’il a publié aujourd’hui, samedi 1er avril :
«Beaucoup et de plus en plus de rumeurs circulent concernant le fait que le président ne soit plus visible publiquement et médiatiquement depuis plus de neuf jours.
«C’est la première fois qu’il disparaît aussi longuement des écrans radars de l’opinion publique.
«Nous savons toutefois que lundi dernier il avait reçu le commissaire européen Gentiloni, même si l’information n’a pas été diffusée par la page officielle de la présidence.
«Jeudi dans la soirée, il y a eu le limogeage du gouverneur de Gabes et l’information qu’une instruction serait ouverte le concernant sur instruction de Kaïs Saïed.
Personne d’autre que lui n’aurait pu prendre ces deux décisions.
«Toutefois, il devient maintenant urgent qu’il réapparaisse ou que Carthage publie un communiqué expliquant cette absence par une conjoncture de marasme si Saïed est en ermitage (معتكف) comme certains le pensent et qu’il compte prolonger son absence.»
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