Les exportations tunisiennes vers le marché américain restent limitées, et les exportateurs doivent faire un grand effort de promotion pour mieux se positionner sur ce marché.
Par Wajdi Msaed
Le dernier rendez-vous de l’AmCham Day pour l’année 2016 a eu lieu mercredi 14 décembre à la Maison de l’Exportateur, siège du Centre de promotion des exportations (Cepex), à Tunis.
C’était une occasion pour présenter Export Lab, que la Chambre de commerce tuniso-américaine (AmCham Tunisia) a lancé pour faciliter l’accès au marché américain pour les exportateurs tunisiens à la recherche de nouveaux marchés.
Moyens limités et absence d’image
La rencontre s’est déroulée sous la présidence de Khaled Babbou, président de l’AmCham, et en présence notamment de Aziza Htira, DG du Cepex, et Mokhtar Chaouachi, DG au ministère des Affaires étrangères. Elle a permis de soulever les difficultés rencontrées pour pénétrer ce marché qui, de l’avis de la plupart des participants, n’est pas encore à la portée des exportateurs tunisiens, par manque de moyens et de visibilité.
«Les Américains ne connaissent ni les produits ni les fournisseurs tunisiens», a ainsi affirmé une participante spécialiste des conserves de poissons, soulignant que les prix des produits tunisiens ne sont pas compétitifs en comparaison avec ceux des produits asiatiques. Elle a appelé ses pairs à soigner la qualité de leurs produits et à axer leur effort sur l’emballage et la promotion.
Une autre participante, qui a tenté d’exporter de l’huile d’olive vers le marché américain, a indiqué que ce marché se caractérise par une concurrence farouche et exige une agressivité commerciale et un effort promotionnel accrus.
«Nous avons la meilleure huile extra-vierge du monde mais nous ne sommes pas connus du consommateur américain», a-t-elle expliqué, en affirmant que «la demande est en nette croissance mais le budget de promotion demeure trop limité».
Aziza Htira a rappelé, pour sa part, les différents mécanismes et programmes de promotion mis en œuvre par le Cepex pour venir en aide aux exportateurs et appuyer leurs efforts dans la conquête de nouveaux marchés.
«Les petites et moyennes entreprises (PME) tunisiennes n’arrivent pas à mobiliser les fonds nécessaires pour financer les opérations d’exportation», a déploré un exportateur de jeans vers les Etats-Unis, en rappelant que le marché du textile américain représente un chiffre d’affaires annuel de 82 millions de dollars et que la Tunisie est classée 20e fournisseur des Etats-Unis en jeans et 3e de l’Union européenne (UE), un marché traditionnel et, surtout, plus proche et mieux maîtrisé.
L’exportateur a déploré, au passage, les droits de douanes, selon lui «trop élevés», imposés aux produits textiles tunisiens cherchant à pénétrer le marché américain. «Nous devons faire du lobbying pour faire baisser cette charge douanière qui peut atteindre 17 voire 20%, et dont sont exempts les produits venant d’autres régions du monde», a-t-il insisté.
Ce concept de lobbying a également été souligné par une autre participante. «Il faut adopter une stratégie de communication, faire du lobbying, s’adapter aux besoins des marchés visés et définir une image de marque pour le pays et pour ses produits destinés à l’exportation», a indiqué cette spécialiste en communication.
Améliorer la chaîne de valeurs des produits exportés
Pour Khaled Babbou, «il ne suffit pas d’exporter, il faut savoir valoriser les produits exportés, en augmentant leurs chaînes de valeur». Le président de l’AmCham a rappelé, dans ce contexte, l’engagement pris, lors de la dernière réunion de la Commission mixte tuniso-américaine, de «soutenir les PME tunisiennes désireuses de se lancer à l’international pour les aider à faire face aux contraintes financières et logistiques». Il a évoqué, à ce propos, le programme «Soft Landing in Silicon Valley», qui vise à aider les startups tunisiennes à conquérir le marché américain et à s’inspirer de ses success-story dans le domaine de l’innovation technologique.
«Ce projet représente une opportunité majeure pour les startups tunisiennes participantes en leur permettant non seulement de disposer d’un espace de travail et de rencontre avec des clients et des investisseurs potentiels, mais aussi en leur donnant l’opportunité d’évoluer pendant un mois dans l’environnement unique de la Silicon Valley et de forger des liens avec les acteurs influents du marché américain», a précisé M. Babbou.
Notons que la part des exportations tunisiennes vers le marché américain ne dépasse pas 546 millions de dollars sur une enveloppe globale évaluée à 14,7 milliards de dollars. Alors que la balance commerciale reste déséquilibrée aux dépens de la Tunisie, puisque les importations en provenance des Etats-Unis s’élèvent à 602 millions de dollars.
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