Parce qu’elle est difficile, l’ascension du Djebel Ressas est conseillée uniquement aux randonneurs expérimentés. Mais du haut de la montagne, la vue, surtout par temps dégagé, est imprenable.
Par Raja Skandrani *
Pour s’y rendre :
Prendre la voie rapide qui mène à l’autoroute Hammamet/Sousse et quitter à «Dernière sortie avant péage» et prendre la direction Mornag.
À l’entrée du bourg de Mornag, dépasser la première intersection et prendre au centre ville à gauche direction Bouficha.
Passer devant la mosquée et continuer dans la même direction sur plusieurs kilomètres et bifurquer à gauche au panneau qui indique Djebel Ressas / Fonderie.
Rouler sur deux kilomètres jusqu’à la prochaine bifurcation qui monte vers la gauche. La route étroite en lacets avec de belles vues sur le Djebel Ressas mène à un groupement de maisons.
Itinéraire pédestre:
Contourner les maisons et emprunter la piste agricole qui monte vers le Djebel Ressas. Le chemin passe devant un cimetière au pied d’un caroubier et reconnaissable aux tombes formées par des amas de pierres chaulées en blanc.
Continuer en empruntant les chemins de berger qui escaladent en zigzag serrés le flanc de la montagne pour accéder jusqu’au sommet.
Attention: l’ascension est difficile et est conseillée uniquement aux randonneurs expérimentés. Du haut du Djebel Ressas, la vue, surtout par temps dégagé, est imprenable. On distingue à l’Est le Bou Kornine avec derrière lui la pointe de Sidi Bou Saïd, au Nord la capitale cernée par ses deux lacs, El-Bouhaira et Sedjoumi, et au Sud-Est un superbe panorama sur la plaine de Grombalia et sur des vallées et des collines qui s’étendent jusqu’au Golfe de Hammamet.
Descriptif des lieux:
Sur toute la largeur de la Tunisie la Dorsale érige ses reliefs d’une altitude moyenne de 1000 m. Dans l’axe du Cap Bon le Djebel Ressas avec une altitude de 795 mètres en est la première sentinelle.
Le Djebel Ressas ou la Montagne de Plomb, dôme de calcaire jurassiques aux flancs abrupts, tire son nom des veines de plomb qu’on y exploitait déjà du temps des romains. Ces mines restèrent longtemps en activité. Mais elles durent être abandonnées en raison de la faible teneur du minerai. Les différents exploitants s’efforçaient de récupérer ce qui pouvait rester dans les déblais laissés par les exploitants romains, par le système de lavage. Une route mène à la laverie qui se trouve au pied de la montagne.
Le Djebel Ressas est couvert par une forêt de thuya de berbérie associé à des formations à oléolentisques.
D’autres espèces sont présentes telle que le chêne Kermès, le périploque, le thym, le philaire, les genêts et les cistes.
Le Djebel Ressas est connu pour être un site de nichée de plusieurs espèces de rapaces dont le faucon pèlerin, le vautour percnoptère et le faucon crécerelle.
Un repos délicieux en face d’un splendide panorama
«Le Djebel Reçaç dont les crêtes dentelées découpent l’horizon au sud-est de Tunis et semblent inaccessibles, exerce sur tous les voyageurs une attraction invincible…
Dès l’aube, nous partons, conduits par un indigène qui nous amène rapidement à l’établissement des mines de plomb qu’exploite une société italienne… On nous procure un ouvrier sans ouvrage pour porter le déjeuner et l’eau dont la montagne est complètement dépourvue, et l’ascension commence.
Nous suivons un sentier qui s’élève doucement le long de la pente au milieu de blocs détachés, où vivent des espèces intéressantes de mollusques, et nous amène bientôt au-dessous d’une coupure formant col entre deux massifs aux flancs abrupts.
Nous abandonnons la route pour grimper au milieu d’un taillis clairsemé, soulevant les pierres où se cachent des colonies d’Hélices et où mon collègue M. Lataste découvre un petit peuple de fourmis qui s’est construit un véritable gâteau de cellules en carton brunâtre. Puis nous obliquons à droite pour suivre jusqu’au col le pied des roches calcaires dont les fentes prêtent leur abri à la plupart des plantes… que nous avons recueillies l’année précédente au Djebel Bou-Korneïn et qui avaient été rapportées du Djebel Reçaç même par M. Doûmet-Adanson dans sa première mission.
Nous citerons seulement: Brassica Gravinoe, B. Insularis, Euphorbia dendroîdes, Ophrys Speculum., Carex lfynobasis, mais nous recueillons surtout avec plaisir un magnifique Erodium qui doit être le type du Geranium lfeifolium de Desfontaines.
Parvenus au col, nous nous abritons derrière un rocher, dans un coin chauffé par le soleil, pour déjeuner en paix et prendre ensuite quelques minutes d’un repos délicieux en face d’un splendide panorama…
À cinq heures nous rentrions.»
Extrait d’un ‘‘Rapport sur une mission botanique menée en 1884 dans le Nord, le Sud et l’Ouest de la Tunisie’’, par A. Letourneux.
** Editeur de « Saisons Tunisiennes ».
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