En célébrant, hier, la fête de l’indépendance, les Tunisiens ont voulu montrer leur attachement à leur pays à travers le regain d’intérêt pour le drapeau national.
Le chef du gouvernement Youssef Chahed a inauguré lundi matin, 20 mars 2017, à l’occasion de la fête de l’indépendance, la «Place du drapeau», située au parc du Belvédère, à proximité du mess des officiers, à Tunis.
Plusieurs ministres ont pris part à cette cérémonie, ainsi que le gouverneur et le maire de Tunis et d’autres hauts fonctionnaires de l’Etat.
A pris part aussi à la cérémonie Khaoula Rachidi, l’étudiante de la Faculté des lettres des arts et des sciences humaines de Manouba, qui s’était illustrée, au mois de mars 2012, en s’interposant devant un étudiant salafiste qui a voulu enlever le drapeau national et le remplacer par le drapeau noir du califat islamique, acte héroïque qui fit alors sensation.
Au milieu de la place aménagée pour l’occasion a été érigée une imposante colonne blanche de 65 m de haut, au sommet de laquelle flottait le drapeau tunisien d’une dimension de 300 m2. Le coût global de l’aménagement, dont s’est chargé le ministère de l’Equipement, a été estimé à 300.000 dinars.
Ce chiffre a, d’ailleurs, suscité la polémique, notamment sur les réseaux sociaux, où nombre d’internautes se sont interrogées sur le coût jugé excessif de cette opération, estimant que ce montant aurait pu servir à autre chose de plus utile.
Khaoula Rachidi, héroïne d’un jour, héroïne de toujours, aux côtés du chef de gouvernement Youssef Chahed.
D’autres ont critiqué la confection du drapeau national tunisien… en Turquie, considérant qu’un tel recours à une entreprise étrangère, de surcroît turque, est insensé, eu égard l’existence de nombreuses entreprises tunisiennes de textile et confection. Au moment où une controverse est alimentée par le déséquilibre de la balance commerciale de la Tunisie avec la Turquie, qui inonde le marché tunisien par ses produits.
Quand on sait que la Turquie actuelle est l’héritière de l’empire ottoman, qui a occupé la Tunisie pendant plusieurs siècles, on comprend la profondeur historique d’un tel débat.
En réponse, les autorités ont affirmé que le recours à une entreprise turque a été justifié par l’inexistence, chez les industriels tunisiens, de la qualité de tissu nécessaire pour la confection d’un drapeau qui résiste aux intempéries et aux changements climatiques.
Par-delà cette polémique, beaucoup de citoyens tunisiens, qui sont descendus, lundi matin, à l’avenue Habib Bourguiba, au centre-ville de Tunis, pour célébrer la fête de l’indépendance, agitant le drapeau national dans leurs mains, ont exprimé leur fierté de porter haut le drapeau de la Tunisie, notamment dans cette phase difficile où certaines parties veulent lui substituer le drapeau noir de l’organisation terroriste de l’Etat islamique (Daech), portant ainsi atteinte à la souveraineté nationale.
7 mars 2012: Khaoula Rachidi fait face au salafiste qui veut ériger la bannière du califat à la place du drapeau national.
Interrogés sur l’événement de ce 20 mars 2017, qui est l’érection du drapeau national sur les hauteurs de la capitale, des citoyens ont déclaré que le respect que voue un peuple pour lui-même doit s’incarner dans de tels édifices qui mettent en valeur les symboles nationaux. Ils ont estimé que la Tunisie, comparée à d’autres pays, a mis du retard dans ce domaine.
Insistant sur l’importance d’effacer de la mémoire des décennies où beaucoup de Tunisiens ne sentaient pas que leur pays leur appartenait, les citoyens interrogés ont estimé que le moment est venu pour qu’ils se réconcilient avec leur identité nationale, à travers le drapeau et tous les autres symboles qui incarnent l’identité tunisienne, appelant à ce que les fêtes nationales deviennent des jours de joie dans toutes les villes, les villages et les quartiers, comme c’est le cas chez d’autres nations.
Abderrazek Krimi
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