L’inévitable instabilité qu’a engendrée le coup d’Etat au Niger peut désormais transformer ce pays africain subsaharien en une nouvelle terre dont beaucoup souhaitent fuir, peut-être même en passant par la Tunisie et l’Italie.
L’actualité parle chaque jour de départs et d’opérations des garde-côtes tunisiens, qui arrêtent bateaux et dériveurs en route vers les côtes italiennes.
Et bien souvent il enregistre, sur la route qui sépare la deuxième ville tunisienne de Sfax et la dernière bordure sud de l’Europe, Lampedusa, des tragédies comme celle d’hier avec 41 migrants engloutis par la Méditerranée.
La Tunisie, au milieu de la crise économique, des tensions politiques et sociales et d’une récente flambée de xénophobie, connaît un exode irrépressible de migrants subsahariens (mais aussi de pas mal de Tunisiens) qui espèrent échapper à la guerre et à la pauvreté. Certains d’entre eux, après des émeutes et des tensions à Sfax, ont été transférés par la police dans le no man’s land désertique à la frontière avec la Libye et l’Algérie – où l’Onu et de nombreuses ONG dénoncent une situation dramatique impliquant environ 2 000 personnes – d’autres trouvent un chemin et une embarcation de fortune pour tenter la traversée. Qui finit souvent à côté des îles Kerkennah, à bord d’unités de la Garde côtière tunisienne ou dans un naufrage avec de nombreuses victimes sans nom.
Sfax devenu une plaque tournante
Sfax se trouve à environ 130 km de Lampedusa et depuis début 2023, elle est le principal point de départ de milliers de migrants en direction de l’Europe. Depuis le début de l’année, les départs vers l’île italienne ont augmenté de 300%, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Du 1er janvier au 20 juillet, 901 corps de migrants ont été repêchés au large de la Tunisie, la plupart en provenance d’Afrique subsaharienne, selon un bilan officiel tunisien. La Méditerranée centrale est la route migratoire la plus dangereuse au monde avec plus de 20 000 morts depuis 2014, selon l’OIM.
Le départ des migrants d’Afrique subsaharienne s’est accéléré après un discours le 21 février du président tunisien Kaïs Saïed dénonçant l’arrivée de «hordes d’immigrants illégaux» qui, selon lui, visaient à «modifier la composition démographique» de son pays.
Après la mort d’un Tunisien dans une bagarre entre migrants et locaux le 3 juillet, des centaines d’Africains subsahariens ont été chassés de Sfax. Et beaucoup ont décidé d’emprunter la voie maritime.
Dans ce scénario déjà dramatique, le coup d’État au Niger risque désormais d’aggraver la crise : le pays était considéré par les Européens comme la clé pour arrêter les flux avant qu’ils n’atteignent les côtes méditerranéennes; d’où la forte présence de techniciens et de militaires de divers pays de l’UE.
L’inévitable instabilité qu’a engendrée le coup d’Etat de Niamey peut désormais la transformer en une nouvelle terre dont beaucoup souhaitent fuir, peut-être même en passant par la Tunisie.
Traduit de l’italien.
Source : Ansamed.
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