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Le tourisme tunisien victime de ses «incorrigibles»

Aucune vue nouvelle, aucun concept nouveau, rien, toujours le même tourisme de pacotille, toujours le folklore à quatre sous.

Par Farouk Ben Miled *

Pourtant  l’occasion était toute trouvée pour changer de logiciel.

Maintenant que la preuve est faite, et que la formule est définitivement usée, l’Etat ne peut plus continuer  maintenir sous perfusion un système borgne et unipolaire.

On n’avance pas avec une imagination figée depuis trois générations, et une conception vieille d’un demi-siècle.

Ils n’en sont pas encore sortis des trois « S »; car il s’agit bien, et vous l’aurez deviné de notre tourisme, obsolète prédateur et dévoyé.

Ils n’ont rien appris et ne veulent  rien apprendre ni retenir, bien installés qu’ils sont dans leur arrogance de «mendigot». Je ne citerais personne, ils se reconnaîtront. Ce sont toujours les mêmes, ceux qui ont été les plus gâtés.

Ils sont là à supplier une Albion accusatrice, pour seulement obtenir une grâce prononcée du bout des lèvres et pour laquelle notre pleureuse en chef s’est déguisée pour la circonstance.

Ils sont là aussi à accuser Tunisair et son refus du low coast, les TO voraces et impitoyables et surtout des banques qui ne veulent plus couvrir. Pour une fois, celles-ci ont raison. Elles s’obstinent à réclamer les sommes astronomiques dues et sans doute sans espoir d’être remboursées.

Evidemment les «pros», les vrais, comme d’habitude, ils font partie des dommages collatéraux et passeront en perte et profit.

Maintenant que l’on a habitué des milliers de fellahs, après avoir abandonné leurs terres, à ne savoir que servir et mal dans des hôtels vides. Il faut donc assumer.

Nous n’avons droit, bis repetita, qu’à des jérémiades à la télé et des explications fumeuses tout autant que leurs solutions, récitées par les mêmes champions.

Le même baratin bureaucratique, le même ronronnement lénifiant et si peu attractif.

Notre expert national en tourisme, lui, regrette à la télé le sourire de la Tunisie; piètre argument.

L’autre président de je ne sais plus quelle fédération se lamente sur la météo, notre héroïne ministresse reçoit tout frais payés Mister Ami de la Tunisie pour nous raconter ses fables bien senties que nous connaissons déjà. On aura tout vu, même l’inauguration d’une boulangerie d’importation!

Aucune vue nouvelle, aucun concept nouveau, rien, toujours le même tourisme de pacotille toujours le folklore à quatre sous, toujours les même breloques fabriquées en Tchéquie ou en Chine devenue  à la mode, aux lieux et places de notre artisanat devenu lui aussi de piètre facture.

Dernier en date, vu sur les devantures de Yassmine Hammamet : des «têtes rétrécies  de l’INCA» en plastique bien sûr.

Rien, toujours la même tambouille, la même gargoulette et les mêmes danseurs de Kerkennah.

Borj Lella

Borj Lella à Béja. 

Et pourtant, de simples citoyens avec des moyens très modestes nous ont démontré  qu’il y’a un autre mode touristique bien plus intelligent : de simples fermettes, en rase campagne, nous proposent une  gastronomie authentique avec d’excellents produits du terroir, devant un paysage grandiose. Borj Lella mérite bien son nom.

Les «méchouis» sur nos routes restent une formule à améliorer et perfectionner pour en faire de vrais «resto-route» et même plus.

Cela ne veut pas dire qu’il faut totalement répudier la restauration touristique actuelle, mais l’actualiser, ainsi que l’hébergement obsolète et cacophonique avec ses normes hors normes.

A revoir aussi la formation et la tenue d’un personnel annoncé pour  X étoiles, mais insolent  vis-à-vis de l’indigène. Encore un complexe!

Le vrai tourisme doit être à multi-visages, et aux activités diversifiées, il est là aussi pour encourager et créer des nouvelles vocations.

Ce n’est pas encore notre cas.

Où sont nos cavaliers Zlass même avec leurs vieilles pétoires?

Où sont nos haras avec leurs légendaires pur sang arabe?

Les demeures et châteaux abandonnés sur les terres domaniales seraient une possibilité  d’hébergement différente et de grande qualité, et ce après les avoir soustraits et restaurés avec un glacis environnemental, du reste des exploitations agricoles. Ils sont malheureusement ignorés ainsi d’ailleurs que notre patrimoine architectural en ruine à quelques exceptions près.

La mise en valeur des ouvrages d’art husseinites (ponts et ouvrages hydrauliques) et autres arcs de triomphe en bord de nos routes (Krib) à seulement éclairer, seraient des pubs exceptionnelles. Des plaques commémoratives à caractère historique, elles aussi seraient les bienvenues.

La table de Jugurtha, site naturel politico historique, devrait animer un cours d’histoire régionale d’une académie d’été.

Que dire, si ce n’est ce qu’on appelle le tourisme culturel.

Nos paysages de grande beauté sont souvent  ravagés et défigurés par des hôtels X étoiles pour «mégalo».

Certains construits dans une espèce de no mans land, où il n’y a rien d’autre à faire que boire une eau diurétique à la gloire de la prostate. Clément Cacoub lui au moins les a traités avec plus de respect. Eh oui, n’est pas grand Prix de Rome qui veut.

D’autres  paysages aussi ont été balafrés par des nouveaux tracés de route dessinés au cutter (Testour-Teboursouk).

Où en est-on de la formation de vrais guides conférenciers?

Pourtant la richesse et la variété des sujets s’y prêtent. Rien, au mieux.

Des spéléologues pour faire visiter les grottes du Serj, où sont-ils?

Ce serait d’un grand profit pour la région. Toujours rien.

Par contre notre ami Hechmi Ben Amor vient de nous honorer avec sa formule ludique  du Rallye des voitures de collections, un spectacle du meilleur exemple. Merci Hechmi.

Personnellement, je considère que l’achèvement de l’autoroute du nord mettrait Bou Salem à une demi heure de la Transmaghrébine déjà au rendez-vous à la frontière tunisienne, ceci multiplierait par 4 au moins les entrées de nos voisins algériens, nonobstant le stupide intermède de la taxe sur les véhicules.

Le rétablissement des lignes ferroviaires Tunis-Alger et Tunis-Tebessa feront de même, sans oublier la plus belle Tunis-Tabarka, qui plus est, soulagerait nos routes toujours encombrées.

Des croisières en train seront aussi des nouvelles possibilités à succès assuré, prouvé ailleurs et bien d’autres idées à avoir et revoir.

Eh bien non, on continue à investir des sommes faramineuses dans des hôtels casernes, difficiles à défendre et à contrôler, impossibles à remplir autrement qu’avec des congés payés all inclusive, et surtout à la rentabilité impossible sans les avantages fiscaux et autres .

D’ailleurs, là aussi une vraie comptabilité est absolument à prévoir ou revoir pour rétablir la réalité et la vérité des coûts.

La plaisance, cette oubliée, pourtant grande génératrice de profits et de nouveaux métiers, et technicité, d’autant que le gros de l’investissement y est déjà.

Quelques travaux supplémentaires dans les nombreux ports de pêche déjà construits, et accessoires de sécurité dans les criques compléteront ce dispositif.

A ce propos, les côtes méditerranéennes turques sont un bon exemple qui nous montre la voie.

Alors un tourisme écolo vers nos îles sera un supplément possible et pas n’importe  lequel.

J’arrête ici ces listes hélas trop longues mais disponibles.

Donc oui au tourisme, mais différent de l’actuel, uniforme, structurellement vulnérable et nécessairement déficitaire et surtout très permissif à la corruption.

* Architecte D.P.L.G.

 

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