Selon un récent sondage du cabinet Elka Consulting, 76% des Tunisiens pensent que leur pays «n’est pas sur la bonne voie.»
Selon Ikbel Loumi, Pdg d’Elka Consulting, pour la première fois depuis 2011, une proportion très élevée des sondés estime que la Tunisie est sur la mauvaise voie: plus de 3 sur 4 des 1013 personnes que l’institut a interrogées.
M. Loumi tente de relativiser en rappelant que «cette étude a été conduite entre les 4 et 11 juillet derniers, c’est-à-dire au lendemain de l’attentat terroriste de Sousse, le 26 juin 2015. Il est donc tout à fait normal, après un coup aussi dur porté à la sécurité du pays, que les gens réagissent avec autant d’intensité et autant d’inquiétude.»
Selon le Pdg d’Elka Consulting, l’attaque contre l’hôtel Imperial Marhaba d’El Kantaoui explique également la raison pour laquelle la majorité des sondés placent, pour la première fois depuis la Révolution, la question sécuritaire en tête de leurs préoccupations majeures. «A la veille de l’attentat de Sousse, le Tunisien moyen avait pour habitude de considérer ses difficultés économiques personnelles, les problèmes financiers et économiques auxquels le pays est confronté et les solutions qui devraient être apportées à ces questions comme étant des soucis de première importance», ajoute-t-il.
L’enquête d’Elka Consulting, dont les résultats ont été publiés la semaine dernière, révèle aussi que 47% des personnes interrogées placent la priorité de la lutte contre le terrorisme au premier rang de leurs préoccupations, 15,9% accordent la seconde place aux questions du chômage et de l’emploi; et la situation économique du pays ne vient qu’en 3e lieu, avec 10,1% seulement des opinions exprimées par les sondés.
Indépendamment des précautions d’usage qu’il faut prendre en analysant ce type d’enquête, les résultats de ce sondage d’Elka Consulting suscitent un degré certain d’inquiétude. A tort ou à raison, la conclusion s’impose qu’une écrasante majorité de Tunisiens – plus des ¾! – ne se satisfont pas de la manière dont les choses se passent en Tunisie et, indirectement, ils trouvent beaucoup à redire sur les approches et les traitements que les uns et les autres de nos hommes et femmes politiques réservent à tous ces problèmes.
En somme, trop d’incompétences et de maladresses sous les Troïka 1 et 2, trop d’attentisme et de reports sous le gouvernement de Mehdi Jomaa et, à présent avec le gouvernement d’Habib Essid, trop de frilosité et beaucoup de décisions minimalistes qui tentent de donner satisfaction aux 4 composantes de la coalition gouvernementale, tout cela a enfanté ce sentiment profond, cette «certitude certaine» que le pays, près de 5 ans depuis le «Dégage!» du 14 janvier 2011, ne voit pas le bout du tunnel.
Marwan Chahla
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