La vague d’arrestations dans les rangs des barons de la corruption et de la contrebande ne cesse de faire des vagues au sein du parti Nidaa Tounes. Beau spectacle en vue…
Par Abderrazek Krimi
Les poursuites engagées par le tribunal militaire contre l’affairiste Chafik Jarraya pour atteinte à la sécurité extérieure du pays et l’établissement de relations avec des forces armées étrangères en temps de paix, représentent, en effet, une source d’inquiétude pour le parti au pouvoir dont ce baron de la corruption et de la contrebande était très proche et, dit-on aussi, l’un des bailleurs de fonds.
Aussi Nidaa Tounes multiplie-t-il les réunions, les déclarations et même parfois les menaces contre ceux qui portent des accusations de corruption contre ses dirigeants et ses députés. Gênés aux entournures voire déboussolés, ses dirigeants perdent leur sang froid et tout bon sens politique.
Convaincus que la meilleure défense c’est l’attaque, au lieu de temporiser pour laisser passer la tempête, ils font feu de tout bois.
D’abord ils décident d’exclure la députée Sabrine Goubantini, suite à ses récentes déclarations sur l’implication de certaines figures dirigeantes de Nidaa Tounes avec Jarraya et son soutien tapageur au chef du gouvernement Youssef Chahed dans sa campagne contre les réseaux de la corruption et de la contrebande.
Nullement impressionnée par les gesticulations de Hafedh Caïd Essebsi, secrétaire exécutif autoproclamé de Nidaa Tounes, Sabrine Goubantini a rappelé, jeudi 1er juin 2017, dans l’émission ‘‘Midi Show’’ sur Mosaïque FM, les soupçons qu’elle avait exprimés il y a quelques mois à propos des relations peu orthodoxes qu’entretiennent, par le biais de Chafik Jarraya, certains dirigeants de son ex-parti avec des parties en conflit en Libye, par allusion aux milices islamistes armées de Fajr Libya conduites par le chef terroriste Abdelhakim Belhaj.
Sabrine Goubantini dans le viseur de Hafedh Caïd Essebsi.
Ce rappel semble avoir poussé le parquet de Tunis à ouvrir une enquête judiciaire sur le sujet. C’est, d’ailleurs, ce qu’a annoncé, hier après-midi, l’adjoint au procureur de la république et porte-parole du tribunal de première instance de Tunis, en précisant que l’instruction concerne les déclarations de Mme Goubantini autour de «graves informations évoquées lors d’une réunion du parti Nidaa Tounes et qui concernent la sécurité nationale et la sûreté de l’Etat», informations que la concernée avait pris le soin de rappeler dans ‘‘Midi Show’’ en appelant la justice à ouvrir une enquête et en ajoutant qu’elle se mettait à sa disposition pour témoigner.
La réaction de Hafedh Caïd Essebsi, décidément au bord de la crise de nerfs, ne s’est pas fait attendre, puisqu’il a annoncé, dans un communiqué publié hier après-midi, que son parti a décidé un recours judiciaire à l’encontre de la députée pour «avoir accusé la direction du parti de comploter contre la sûreté de l’Etat».
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