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Djerba : Renaissance de la bibliothèque Al Barounia

El-Barounia

Al Barounia est une nouvelle bibliothèque, qui a été inaugurée, samedi 5 mars courant, à Houmt-Souk, chef lieu de l’île de Djerba : un patrimoine livresque inédit sort de l’ombre.

Par Naceur Bouabid

Qu’une bibliothèque pour tous élise domicile dans un environnement plutôt favorable à l’investissement dans le commerce de consommation très en vogue, voilà une chose peu commune qui a créé l’événement et qui a le mérite de donner à espérer que d’autres pareils espaces verront le jour.

Il s’agit de la bibliothèque privée de la famille Barouni, l’heureuse héritière d’un legs inédit constitué d’une collection de manuscrits de grande valeur.
Autour de Moncef et Saïd Barouni, conservateur de la bibliothèque et initiateur du projet, étaient présents deux invités d’honneur du Sultanat d’Oman, en l’occurrence Majed Ibn Mohamed El Kindi, émissaire du Mufti d’Oman, et Ibrahim Ben Abbès El Bahrani, vice-ambassadeur du Sultanat d’Oman à Tunis, Sami Ben Tahar, représentant de l’Institut national du patrimoine (INP), Farhat Barouni, directeur de l’Institut des belles lettres arabes (Ibla), des représentants de la société civile intéressés au patrimoine, au savoir et au livre, dont particulièrement l’Association pour la sauvegarde de l’île de Djerba (Assidje) représentée par l’actuel et d’anciens présidents et des membres de son comité directeur.

Après le discours de bienvenue et de présentation de l’historique de la création du projet assuré par Moncef Barouni, Saïd Barouni a informé les présents sur l’historique de la bibliothèque et son contenu. La parole a été ensuite cédée aux hôtes omanais, enfin au représentant de l’Assidje pour rappeler le rôle important joué par la bibliothèque tant dans la préservation et la valorisation des manuscrits que dans la vulgarisation du patrimoine ibadite.
Historique de la bibliothèque

La bibliothèque doit son existence au personnage de Saïd Ibn Aïssa Barouni, grand savant ibadite, originaire de Djebel Nefoussa, en Libye, qui avait étudié au Caire pendant la première moitié du 19e siècle avant de se consacrer à l’enseignement au profit de ses disciples au sein de la communauté ibadite présente en Egypte.

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Outre son statut de précepteur, le cheikh avait une grande passion pour les livres et il ne lésinait pas sur les moyens pour en acheter et en copier en grand nombre pendant les vingt ans de séjour au Caire, et même de retour en Libye au Jebel Nefoussa.

Il lui était d’usage de se rendre à Djerba sur invitation de la médersa Miswaryya qu’abritait Jemâa El Kébir ou la grande mosquée (du début du IVe de l’Hégire), et lorsqu’en 1811, après la mort du maître principal de la médersa, il lui fut proposé de rester à Djerba pour enseigner, il accepta ce nouveau poste, non sans tenir à ramener avec lui une grande partie de ses manuscrits dont il faisait usage pour transmettre le savoir à ses étudiants et qui continuent encore à rendre les plus grands services.

1087 manuscrits en tout, portant sur des domaines variés, théologie, histoire, langue, littérature, rhétorique, médecine, astronomie, géométrie et algèbre… comptent aujourd’hui dans le répertoire de la bibliothèque et sont jalousement conservés pour être exploités à bon escient par les nombreux quêteurs de l’information, les chercheurs, les historiens et les spécialistes de l’ibadisme, le livre d’or de la bibliothèque en fait foi.

La collaboration fructueuse avec l’Asidje, Beit El Hikma et la Bibliothèque nationale de Tunisie a abouti en 1992 au catalogage et à la classification desdits manuscrits dont un sommaire a été élaboré.

Genèse du projet

Avant d’être ce qu’elle est aujourd’hui, la bibliothèque faisait partie de la maison familiale à Hachène, avant d’être aménagée dans un bâtiment construit à cet effet en 1966, mais qui n’est plus aujourd’hui pour seoir à la renommée de la bibliothèque, ni pour répondre aux sollicitations toujours grandissantes des lieux émanant des nombreux chercheurs provenant des cinq continents, d’où l’idée de créer ailleurs un centre multifonctionnel de recherches et d’études offrant des meilleures conditions tant pour la recherche et la réflexion que pour la conservation des 1087 manuscrits en possession.

L’idée a commencé à germer à l’issue du colloque international tenu à Valencia en Espagne en 2004 sur le thème «L’islam, civilisation du livre» auquel avait été convié Saïd Barouni, l’actuel conservateur de la bibliothèque. Une telle occasion n’a été que pour confirmer tout le bien qu’on dit de la bibliothèque et de son contenu, de par les témoignages de considération et d’admiration que n’ont cessé alors de lui apporter les participants. Puis, la participation en 2012 à un autre colloque à Oman suivie par la visite de la bibliothèque par le mufti du Sultanat d’Oman à la même année ont fait le reste pour aplanir les difficultés et faciliter la mise en œuvre et la réalisation du projet.

Aujourd’hui, la bibliothèque, implantée au cœur de la ville de Houmt-Souk, se veut un centre d’études et de recherches, un lieu de rencontre et d’apprentissage, et se propose d’offrir les prestations les plus opportunes et les conditions les plus favorables à la consultation, à la réflexion et à la recherche, ouverte à toute proposition de partenariat et de coopération : le partenariat mis en place avec la Faculté des lettres et des sciences humaines de Sfax et l’Institut des sciences humaines de Médenine en apporte la preuve.

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