En islam, la femme n’est pas plus gâtée que dans le judaïsme et le christianisme. Sur certains aspects, sa condition est même davantage rabaissée.
Par Hamda Ouakel *
L’islam est arrivé des milliers d’années après le judaïsme et six siècles après le christianisme. Raisonnablement, on pourrait croire à un bouleversement total des modes de vie et des pratiques. Eh bien non, quelle déception!
Mahomet, le prophète des musulmans, en côtoyant des juifs et des chrétiens qui habitaient la région et la Mecque même, a probablement fait une synthèse entre les deux religions en y ajoutant quelques éléments issus de sa prophétie.
L’islam a repris l’histoire d’Adam et Ève en la modifiant un peu. Ce n’est pas Ève la seule fautive. Ce sont bien les deux qui ont fauté. Adam étant l’homme, le chef de famille, il est le premier responsable et non Ève. Sauf omission, il n’y a rien dans le Coran qui fustige les femmes pour leur nature. Sur ce point, l’islam marque un point.
La soumission de la femme à l’homme
Le Coran ne déroge pas à la règle, aussi et souvent, Dieu s’adresse aux hommes. Sur ce sujet, dans les Évangiles, on trouve quelques allègements de la condition des femmes. Mais le Coran revient aux fondamentaux du judaïsme, à savoir que les hommes sont au-dessus de tout et il faut qu’ils se protègent de tout: «Ô vous, les croyants! Vos épouses et vos enfants sont vos ennemis! Prenez garde!» Coran, LXIV, 14. Peu importe le contexte de la révélation de ce verset. Les mots sont forts et, souvent, choquants pour un esprit contemporain.
«Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leurs époux, avec la protection d’Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d’elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes Haut et Grand !» Coran, IV, 34.
Dans le judaïsme et le christianisme, on comprendrait de telles sanctions puisque la femme est un malheur en soi. Mais dans l’islam qui s’écarte a priori de cette vision faisant de la femme une éternelle fautive, de telles paroles à l’encontre des femmes peuvent paraître excessives.
L’adultère
Pour l’adultère, l’islam rejoint les deux poids deux mesures des deux autres religions.
• L’homme jouit d’une plus grande liberté, mais avec tout de même quelques restrictions minimes: «Vous sont interdites: les femmes mariées de bonne condition à moins que ce ne soient vos captives de guerre» Coran II, 221.
Entre autres, on peut remarquer que les femmes de moindre condition ne sont pas concernées par ce verset et restent soumises aux désirs de l’homme musulman. Dans la Sourate des Femmes, on trouve une liste exhaustive des femmes interdites.
«… Épousez, comme il vous plaira, deux, trois ou quatre femmes. Mais si vous craignez de n’être pas équitable, prenez une seule femme ou vos captives de guerre.» Coran, IV, 3.
«Et qui préservent leurs sexes [de tout rapport], si ce n’est qu’avec leurs épouses ou les esclaves qu’ils possèdent, car là vraiment, on ne peut les blâmer». Coran, XXIII, 6.
L’homme peut se marier jusqu’à avec quatre femmes légitimes à qui on peut ajouter les esclaves achetées et les femmes libres célibataires ou mariées qui se font prendre comme captives de guerres. Et si jamais monsieur le bon croyant n’est pas rassasié, il peut chiner autour de lui les pauvres femmes, toutes celles qui ne sont pas de bonne condition. Pour résumer, dans l’islam, il n’y a (pratiquement) que les relations incestueuses qui sont interdites pour le musulman homme.
• Pour la femme, c’est une autre histoire: «Celles de vos femmes qui forniquent, faites témoigner à leur encontre quatre d’entre vous» Coran, 4:15. Si l’adultère est avéré, la sanction pour la femme mariée est la lapidation. Pour une femme non mariée, la flagellation s’impose. Ces sanctions sont des stricts copier-coller du judaïsme, abolies entre-temps par le christianisme et réactualisées par l’islam.
On peut aussi remarquer la brutalité du vocabulaire utilisé à l’égard des femmes («forniquer») alors que pour les hommes on trouve les formulations plus douces telles que «rapports», «épousez», «prenez» ou «vous sont interdites».
On dirait un plaidoyer d’un avocat général pour atténuer les faits des uns et accabler les autres.
Le port du voile
Le voile est associé à cette nécessité de réserver ses charmes à son mari, plus encore de ne pas être un objet de tentation. Mahomet est né à la Mecque. Le Coran lui fut révélé à l’âge de quarante-deux ans environ. Neuf ans plus tard, il quitte la Mecque pour Médine. Il avait alors cinquante ans. Il n’en reste pas moins que les injonctions du Coran sont de nature divine et valables pour toutes les musulmanes. Dieu dit: «Ô Prophète! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de se couvrir de leurs voiles: c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées. Dieu est celui qui pardonne, il est miséricordieux.» Coran XXX, 59. Ce verset est médinois. Ce qui veut dire qu’il fut révélé au moins neuf ans après le premier verset mecquois. Pendant les neuf premières années de l’ère musulmane, ni Dieu ni Mahomet n’étaient offensés par les femmes non voilées.
Il ne fait aucun doute que l’origine de ces recommandations provient de l’observation faite par Mahomet des comportements des tribus juives de Médine qui imposaient le port du voile à leurs femmes (voir le port du voile dans le judaïsme).
D’autre part, l’argument avancé pour obliger les femmes à se voiler est bancal. C’est par crainte d’être offensées qu’elles doivent se voiler. Pourquoi? Quelle serait la raison des éventuelles offenses? Leur beauté certainement! Cela me paraît infondé. Personnellement, je pense que la beauté inspire contemplation, rêverie et joie. De surcroît, la beauté n’est pas que féminine. Elle est aussi masculine, on prétend que le prophète était d’une beauté divine. Pourquoi alors les hommes sont-ils exonérés du port du voile?
En fait, la vérité est ailleurs, ce verset déclare indiscutablement que la femme est propriété de l’homme. Et, en ce sens, tel un bien, elle doit être protégée des appétits d’autres hommes.
Toujours l’impureté
Pour être complet, il faut noter que l’idée d’une impureté se rattachant aux menstruations fait son apparition comme dans les lois mosaïques et juives, mais avec beaucoup moins d’importance. Il semble que l’interdit ne porte que sur les relations sexuelles: «Ils t’interrogent au sujet de la menstruation des femmes; dis: C’est un mal. Tenez-vous à l’écart des femmes durant leur menstruation; ne les approchez pas, tant qu’elles ne sont pas pures» Coran II, 222.
Néanmoins, le verset commence par qualifier cet état de mal et finit par affirmer que, pendant cette période, la femme est impure. Cette analyse rejoint en tout point la doctrine juive. Les musulmans avancent souvent la menstruation de la femme comme argument pour justifier la polygamie.
Inégalité dans l’héritage
L’infériorité de la femme par rapport à l’homme se marque aussi en matière d’héritage. La part du garçon est le double de celle de la fille: «Quant à vos enfants, Dieu vous ordonne d’attribuer au garçon une part égale à celle de deux filles» Coran IV, 11.
Les musulmans reconnaissent que le Dieu du judaïsme, du christianisme et de l’islam est le même. Mais alors, pourquoi ne dit-il pas la même chose aux uns et aux autres? Avec l’expérience accumulée, il évolue vers le bon sens.
Dans ce cas, nous humains, en suivant son expérience, nous avons décidé de dépasser cette loi, bien que divine, pour aller plus en avant en décrétant l’égalité parfaite des hommes et des femmes au moins dans ce domaine.
* Tunisien résident en Suisse.
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1/6 : La femme bête noire des religions.
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