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Le Front populaire «offre» la mairie de Tunis au parti islamiste Ennahdha

Rached Ghannouchi/Hamma Hammami : les extrêmes se rejoignent.

Le titre peut paraître excessif, mais, à y voir plus près, les 4 voix qui ont manqué à Kamel Idir pour être élu maire de Tunis auraient pu être celles des élus du Front populaire, qui ont préféré ne pas les donner au candidat de Nidaa Tounes.

C’est, finalement, l’islamiste Souad Abderrahim, candidate d’Ennahdha, qui l’a remporté, au second tour de vote, par 26 voix contre seulement 22 pour son adversaire du camp progressiste.

Cette décision du Front populaire, parti de la gauche radicale, dont les dirigeants ne cessent de tenir un discours anti-islamiste et ne ratent aucune occasion pour dénoncer Ennahdha et son projet d’islamisation de la société tunisienne et d’infiltration de l’administration publique (n’est-ce pas Hamma Hammami ? N’est-ce pas Mongi Rahoui ? N’est-ce pas Ahmed Seddik ?), a de quoi surprendre.

Car Lotfi Ben Aïssa, candidat malheureux du Front pour la présidence du conseil municipal de Tunis, recalé dès le premier tour de vote, et ses 3 autres colistiers élus, ont beaucoup plus d’atomes crochus avec Kamel Idir qu’avec Souad Abderrahim, la dame non-voilée qui sert de leurre à Ennahdha et de masque pour son projet islamiste. Et ils ne sont pas sans savoir que leur abstention lors du second tour de vote allait offrir la mairie de Tunisie sur un plateau à la candidate d’Ennahdha.

On peut comprendre leurs griefs contre Nidaa Tounes, qui a trahi beaucoup de ses électeurs en s’alliant avec Ennahdha après les législatives de 2014 et qui le paye lourdement aujourd’hui, mais de là à «voter» indirectement pour Ennahdha, en s’abstenant activement, il y a un pas que les Frontistes auraient dû se garder de faire pour ne pas perdre totalement la face et vider leur discours anti-islamiste de toute crédibilité.

De là à dire que Hamma Hammami et ses camarades ont toujours, à l’insu de leur plein gré, apporté de l’eau au moulin des islamistes, il y a un pas que beaucoup font aujourd’hui allègrement.

Imed Bahri

Officiel : Souad Abderrahim, première femme maire de Tunis

Lotfi Ben Aissa candidat du Front populaire au poste de maire de Tunis

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