Alors que les blocs démocrate, Al Mostakbal et PDL (Parti destourien libre) ont annoncé qu’ils ne soutiendront pas le gouvernement Jemli, les regards se tournent désormais vers ceux qui ne se sont pas encore décidés (du moins publiquement), à l’instar de la coalition Al Karama, pour savoir si l’élu d’Ennahdha réussira à obtenir le soutien de la majorité parlementaire, obligatoire pour sa survie en tant que chef de gouvernement.
Intervenu ce mercredi, 25 décembre 2019, sur les ondes de Mosaïque FM, le porte-parole d’Al Karama, Seifeddine Makhlouf, a indiqué que son bloc parlementaire n’accordera, a priori, pas sa confiance au gouvernement de Habib Jemli.
L’avocat explique cette position (visiblement non définitive) par le fait que sa coalition ne croit pas à l’indépendance de qui que ce soit : «Tout le monde a des orientations, surtout ceux qui acceptent de faire partie du premier plan au sein d’un gouvernement».
M. Makhlouf a toutefois assuré qu’il comprend parfaitement la décision du chef du gouvernement désigné de mettre en place un gouvernement de technocrates, tirant à boulets rouges sur les partis avec lesquels il a tenu les concertations officielles (Attayar, Echaâb et Tahya Tounes, ndlr), et estimant qu’il a été poussé par ceux-ci à opter pour cette option.
En effet, l’islamiste estime que Habib Jemli a répondu favorablement aux revendications «illogiques, exagérées et illégales» de ces partis, et particulièrement d’Attayar, et que ces derniers ont malgré cela refusé de participer à son gouvernement.
En définitive, même si Seifeddine Makhlouf a explicitement déclaré qu’Al Karama ne votera probablement pas la confiance au gouvernement Jemli, une simple lecture entre les lignes de ses propos, en plus d’autres considérations politiques, relatives notamment aux excellents rapports de sa coalition avec Ennahdha, laissent aisément penser que c’est l’inverse qui se produira.
Ses déclarations entrent vraisemblablement dans le cadre de pressions ou d’appels du pied en direction d’Ennahdha et de Habib Jemli pour que leur équipe gouvernementale inclut des personnalités proches d’Al Karama.
Ce qui est réellement peu probable c’est que les dirigeants de cette coalition abandonnent, maintenant, leurs «frères musulmans» d’Ennahdha, au moment où ces derniers ont, plus que jamais, besoin d’eux, sachant que l’échec de Jemli pourrait donner lieu, à terme, à la dissolution de l’Assemblée et à de nouvelles législatives, dont l’issue pourrait ne pas être favorable à Al-Karama.
C. B. Y.
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