«Fruits confinés» est un nouveau projet artistique collaboratif organisé sur la toile par la galerie ElBirou, réunissant des œuvres réalisées par une soixantaine d’artistes durant le confinement.
Par Fawz Ben Ali
Le monde de l’art et de la culture a été directement et fortement touché par la pandémie du Covid-19 avec tous ces espaces fermés et ces festivals et événements suspendus depuis l’annonce du confinement général en Tunisie et ailleurs.
Le monde s’est mis à l’arrêt, mais heureusement, la création n’a pas pris de pause, loin de là, la période de distanciation sociale s’est avérée propice à la créativité car il est évident qu’un nouveau souffle a animé des artistes de tout horizon durant ces deux mois passés entre quatre murs.
Internet, un espace alternatif
Les nouvelles technologies de diffusion et de communication ont permis de garder le lien entre les artistes et le public. Internet est ainsi est devenu un espace alternatif, accueillant des concerts de musique, des festivals de cinéma ou encore des expositions, et c’est dans ce contexte qu’est né le projet collaboratif «Fruits confinés» permettant à une soixantaine d’artistes tunisiens et étrangers d’exposer les œuvres qu’ils ont réalisées pendant le confinement ; une initiative lancée par ElBirou, une galerie d’art créée en 2015 à Sousse par Karim Sghaier, dédiée à l’art contemporain.
«Fruits confinés» est une immersion dans des ateliers d’artistes appartenant à différentes disciplines artistiques (arts plastiques, visuels, graphiques …), mais aussi dans leur quotidien et leur intimité.
«Avec l’art, nous aurons toujours une fenêtre ouverte sur le monde», indique l’artiste Wissem El Abed présent dans ce projet avec ses personnages aux «grosses têtes» dessinés sur du papier et continuant de tendre le bras en temps de distanciation sociale.
Un beau projet conçu et réalisé en une semaine sur la plateforme numérique d’El Birou, permettant aux artistes de donner libre cours à leur envie de créer : on y trouve Hela Lamine, Ridha Dhib, Wissem El Abed, Irane Ouanes, Alia Derouiche Cherif, VAJO, Mariem Dachraoui et beaucoup d’autres offrant une vitrine sur la diversité et la dynamique de la scène artistique contemporaine en Tunisie.
Un voyage dans des mondes créatifs
Des origamis, de la peinture, des dessins, du recyclage d’objets, un carnet nomade et des installations représentent «les mondes créatifs» de ces artistes, comme Karim Sghaier aime les décrire, d’où d’ailleurs le choix de parler d’un projet collaboratif plutôt que d’une exposition, car les œuvres ne sont pas à vendre mais constituent un travail collectif qui continue d’évoluer au fil des jours.
«Fruits confinés» compte à ce jour 30 projets et 60 artistes, mais la plateforme continue d’accueillir trois nouveaux artistes par jour, pour faire de cette plateforme un espace ouvert et dynamique, où l’on peut également lire les réflexions des artistes à travers les petits textes qui accompagnent les œuvres, sur leurs états d’âme, leurs angoisses et leurs doutes en cette période très particulière … «Ce fut comme un songe ! Un mauvais rêve qui, au fil des jours, a pris conscience et s’est élidé en douce réalité ! Vidée, devant ma toile blanche et la noirceur de l’actualité, Je me sentais oiseuse, infertile, même les papillons de mon ventre disparurent», confie l’artiste Irane Ouanes.
Dans «Fruits confinés», on retrouve également l’artiste marcheur franco-tunisien Ridha Dhib que l’on avait auparavant connu avec son incroyable projet «Hor-I-Zons» allant de Paris à Sousse à pieds (ou presque) à l’aide d’une application boussole. Ridha Dhib revient avec «Rosace en confinement» qui consiste à reproduire à peu près le même principe mais en se cantonnant à l’espace autorisé aux alentours de son domicile parisien durant le confinement, soit environ 3 Km². «À l’image de la peau de bœuf de la reine Didon, un artiste marcheur peut et doit se déplier à l’intérieur de cette zone de confinement pour repousser et réinventer ses propres frontières», explique l’artiste.
«Fruits confinés» se poursuit jusqu’à la fin du mois de mai sur la plateforme numérique d’ElBirou, et pourrait bien se transformer une grande exposition collective réelle après le confinement.
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