C’est, en tout cas, ce que demandent 60 experts américains et tuniso-américains dans une lettre ouverte au président Obama pour lui demander «plus de soutien à la Tunisie».
Par Nabil Ben Ameur
La Tunisie est «le seul pays à mener une transition démocratique prometteuse dans l’ensemble de la région du Moyen Orient et d’Afrique du Nord», justifient ces experts, en tête desquels se trouve Radhouane Masmoudi, directeur Centre d’études sur l’islam et la démocratie (à Tunis et Washington).
Une «action audacieuse» en faveur de la démocratie
Tout en félicitant le chef de la Maison Blanche pour avoir demandé au Congrès d’augmenter l’assistance miliaire à la Tunisie pour la porter «de ses bas niveaux d’avant à la révolution» à 134 millions de dollars (M$) pour le budget 2016, les 60 experts font remarquer qu’elle demeurera malgré cela inférieure de moitié à celle dont bénéficient les pays de la région Mena (et plusieurs fois en-deçà de l’assistance accordée au Maroc et à la Jordanie).
Conclusion: la Tunisie a besoin d’une «action audacieuse» et plus précisément : 800 M$ d’assistance économique annuelle (l’administration a demandé 1 milliard pour la Jordanie) pendant trois années à partir de 2015.
Béji Caïd Essebsi reçu, mercredi, par John Kerry au Département d’Etat à Washington.
D’ailleurs, révèlent les signataires de la lettre au président Obama, publiée en marge de la visite officielle effectué le 20 et 21 mai par le président Caïd Essebsi aux Etats-Unis, un groupe de dix sénateurs ont signé, le 15 mai, une lettre de soutien à une «augmentation significative» de l’aide à la Tunisie – sans en préciser le montant – pour qu’elle soit «crédible et consistante» pendant plusieurs années et ce comme une partie du partenariat stratégique naissant entre les Etats-Unis et la Tunisie.
Les soixante experts demandent également l’augmentation de la contribution américaine au Tunisian American Enterprise Fund pour la porter de 60 à 100 M US$, de l’assistance économique destinée aux infrastructures traditionnelles (routes, ponts, et autres chantiers publics pour créer de l’emploi et stimuler l’activité économique) – ce qui enverra un message encourageant aux «régions défavorisées et peu sûres de l’intérieur» –, et de l’aide axée sur la lutte contre la corruption et la construction d’institutions démocratiques solides.
Discours de Caïd Essebsi à l’Institute Of Peace, à Washington.
Une conférence internationale des donateurs
Les signataires de la lettre ouverte à Obama appellent également les Etats-Unis à co-organiser une conférence internationale des donateurs avec pour objectif la levée de 5 milliards US$ par an pendant trois ans pour soutenir la transition politique et économique de la Tunisie, lui donner les moyens d’aider les réfugiés africains, libyens et moyen-orientaux, accélérer la conclusion d’un traité de libre-échange en faisant des négociations avec la Tunisie une «priorité absolue» de l’administration, trouver les moyens et l’assistance technique pour soutenir les divers aspects du plan économique de la Tunisie en 14 points et aider à amortir les coûts sociaux des réformes, dont celle des subventions, et trouver des fonds pour la réforme de la justice et du secteur de la sécurité. Avec pour but ultime de «renverser ce sentiment (parmi les Tunisiens) d’absence de dividendes de la démocratie».
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