Carthage Cement, le 3e producteur de ciment en Tunisie, a pu réaliser des performances malgré le fardeau de l’endettement, qui aurait pu entraver sa bonne marche.
Par Wajdi Msaed
La Société des ciments de Carthage (Carthage Cement, CC) est une entreprise de création récente, puisqu’elle a vu le jour en octobre 2008. Elle appartenait à la famille de l’ex-président Ben Ali et a été confisquée par l’Etat au lendemain de la révolution de janvier 2011. Notons, au passage, qu’elle n’a tenu ses premières assemblées générales que le 12 octobre 2010, en tant que société cotée à la Bourse de Tunis.
Malgré ces handicaps de départ et le retard enregistré dans la mise en place du projet, l’usine, située à Jebel Ressas, a su se positionner sur le marché national, quelques mois seulement après son entrée en production effective, à la fin avril 2014.
3e producteur, 1er exportateur
Dans une récente note, la Chambre nationale des producteurs de ciment (CNPC) a mis en exergue l’amélioration de la position de Carthage Cement sur le marché local, au 30 avril 2015, comparée à la même période de 2014.
En effet, et alors que tout le secteur cimentier enregistre une régression de -6,69% (-177.500 tonnes), les ventes locales de CC ont évolué de 44% pour atteindre 349.823 tonnes au 30 avril 2015, contre 242.031 tonnes au 30 avril 2014 (+107.792 tonnes).
L’usine à Jebel Ressas, à une trentaine de km au sud de Tunis.
Classée en tête des entreprises exportatrices de ciment et à la 3e place nationale en terme de production, avec une capacité de 2 millions de tonnes par an, CC est la seule à avoir réalisé une telle performance, faisant progresser sa part du marché local de 9,12% en 2014 à 14,13% actuellement.
Cette évolution se confirme aussi au niveau des ventes globales (local + export) qui ont atteint, au 30 avril 2015, 420.923 tonnes, contre 308.145 à la même période de 2014, soit une évolution quantitative de 112.878 tonnes (+36,64%), contre une diminution essuyée par l’ensemble du secteur de -1,57% (-49.026 tonnes).
Régression du chiffre d’affaires
Le chiffre d’affaires (CA) de la société a, cependant, enregistré une régression de -11%, passant de 41,9 millions de dinars (MDT) pendant le 1er trimestre 2014 à 37,5 MDT à la fin du 1er trimestre de 2015. Raison de cette baisse: la restriction à la vente aux concurrents directs du clinker, produit semi-fini, à faible valeur ajoutée.
Ainsi, et en vue de réconforter son positionnement sur le marché local, CC a concentré ses efforts sur la vente de ciment dont la valeur ajoutée est meilleure que le clinker et pour éviter, par voie de conséquence, d’être concurrencée par son propre produit (le clinker) transformé en ciment par les unités concurrentes.
C’est cette stratégie qui a permis à CC de développer sa part du marché local en vente de ciment. Et c’est ainsi aussi qu’elle a pu remplacer une bonne partie du CA généré par la vente de clinker.
Dettes rééchelonnées
Reste que le taux d’endettement de la société entre les deux premiers trimestres 2014 et 2015 a augmenté de 3%, passant de 508 MDT au 31 mars 2014 à 525MDT un an plus tard.
Malgré le retard mis au démarrage de la production, la société n’a pas tardé à s’imposer sur le marché local.
Cette augmentation est due, en grande partie, aux révisions opérées sur le schéma de financement pour combler les coûts supplémentaires découlant du retard dans la mise en place du projet, retard qui a généré environ 300 MDT de dépassement par rapport au budget initial de 700MDT.
Pour alléger, un tant soit peu, ce fardeau des dettes, CC s’est engagée dans des pourparlers avec ses banques créancières pour une procédure de rééchelonnement et la conversion des découverts en crédits LMT (long et moyen termes).
Ce qui permet à Radhi Meddeb, président du conseil d’administration, d’afficher un certain optimisme. «Un premier bénéfice est possible en 2016», assure-t-il.
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