‘‘Rahil’’ (Départ), le film documentaire du journaliste Adnen Chaouachi, sera projeté aux journalistes, jeudi 4 juin 2015, à la salle Le Rio, à Tunis.
Par Yüsra N. M’hiri
Ce documentaire, d’une durée de 50 minutes, retrace les difficultés confrontées par la transition démocratique en Tunisie depuis l’assassinat du dirigeant de gauche Chokri Belaïd (6 février 2013) et de son camarade Mohamed Brahmi (25 juillet de la même année) et les attaques terroristes contre les soldats et policiers, à Kasserine et ailleurs.
Le film sera projeté, lors d’une séance spéciale organisée par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), en marge d’un colloque régional qu’il organise en collaboration avec la Fédération internationale des journalistes (FIJ), les 3 et 4 juin 2015, à Tunis.
Le souvenir des combats
«Ce documentaire cherche à préserver la mémoire des sacrifices des martyrs, des luttes de la société civile et des combats des Tunisiens et, surtout des Tunisiennes», a confié Adnen Chaouachi à Kapitalis. «La société civile a joué un rôle majeur dans la réussite de la transition démocratique. Les femmes, également, qui ne se sont pas dérobées face à la violence des armes et à la vue du sang. Au contraire, elles étaient au premier rang des combats pour que la Tunisie reste debout», a-t-il aussi expliqué.
Le documentaire est construit à partir d’interviews d’hommes politiques, de conférences de presse, de scènes de rues, de manifestations et d’images témoignant de la résistance d’un peuple qui a refusé tout retour en arrière, à la dictature ou à l’obscurantisme.
Souvenons-nous, en 2012 et 2013, différents scénarios catastrophiques étaient envisagés, mais le pire n’est finalement pas advenu. Et pour cause… «L’union et le courage des Tunisiens ont permis de sauver le pays, car nous sommes un peuple qui croit à la démocratie et à la liberté, et qui a horreur du sang et de la violence», a encore souligné Adnen Chaouachi.
Brahmi, plus vrai que sa légende
Un moment fort et probablement très émouvant du documentaire: l’interview de Mohamed Brahmi, réalisée quelques semaines avant son assassinat. «Je n’ai jamais diffusé ces images, où feu Brahmi s’exprimait sur la situation du pays et prévenait contre le terrorisme, les assassinats politiques et la banalisation du meurtre», a expliqué le journaliste. Et d’ajouter: «Mohamed Brahmi m’a toujours impressionné par sa forte personnalité et son humanisme, mais aussi par le respect qu’il vouait à la presse et aux médias en général. Il était toujours souriant, disponible et coopératif. Le jour de son assassinat, j’ai continué à filmer, les yeux en larmes, et j’ai décidé de faire ce documentaire, comme pour arrêter le temps et faire en sorte que personne n’oublie les difficultés que nous avons traversées. C’est, en somme, un film-documentaire contre l’oubli».
‘‘Rahil’’ a été réalisé par la propre boite de production de Adnen Chaouachi, «avec les moyens du bord», en collaboration avec le directeur photo Wael Zarati, et les monteurs Elyes et Anis Achour. Imed Chtara a assuré la voix-off et les Frères Mraihi (Amine et Hamza) ont conçu la musique.
Le journaliste qui réalise là son premier film-documentaire, n’est pas peu fier, mais il attend la réaction du public et surtout les critiques de ses collègues qui l’aideraient à améliorer son travail, car il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et projette déjà se lancer dans de nouveaux projets.
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