Le compteur intelligent pourrait-il constituer un moyen efficace pour résoudre le problème des impayés de la Steg auprès de sa clientèle?
Par Wajdi Msaed
La Société tunisienne d’électricité et de gaz (Steg) est notre fournisseur en énergie pour nos besoins en électricité d’éclairage et gaz de combustion.
Ce fleuron du secteur public (c’est la 2e entreprise tunisienne par son chiffre d’affaires en 2012) souffre d’un mal chronique qui ne cesse de s’aggraver depuis la révolution de janvier 2011 : les impayés auprès des clients, toutes catégories confondues (ménages et petites entreprises, d’une part et secteur public constitué essentiellement des collectivités locales, administrations et sociétés nationales, d’autre part).
Les mauvais payeurs
Ces impayés s’élèvent, actuellement, à 800 millions de dinars (MD) contre «seulement» 172 MD en 2010 et 222 MD en 2012, selon une source à la Steg.
La part la plus importante des impayés revient aux ménages et aux petites entreprises avec 385 MD contre 87 MD en 2010 et 222 MD en 2012.
La courbe est ascendante et le problème semble épineux et empoisonne les rapports de la société avec sa clientèle.
La Steg ne recourt pas à plusieurs moyens de dissuasion pour assurer le recouvrement de ses dus. D’habitude, un seul moyen suffit: une simple coupure du courant oblige le client à payer ses factures.
Toutefois, à partir de janvier 2011, le climat de grogne sociale et d’insécurité qui prédomine dans le pays, et surtout dans les zones défavorisées et les quartiers populaires, ont rendu impossible la mission des agents chargés du relevé des compteurs, le plus souvent menacés voire agressés.
Pression sur la consommation
«Payer aujourd’hui pour bénéficier de l’éclairage aujourd’hui et demain»: ce slogan d’une campagne de sensibilisation engagée par la Steg en 2013 est resté sans effet, puisqu’aucune amélioration n’est enregistrée dans le recouvrement des impayés; au contraire, la situation a empiré.
La hausse des tarifs de la Steg est-elle à l’origine de ce phénomène désastreux pour le budget de l’Etat et les finances publiques? «Non, rétorque une source au sein de la société, la tarification appliquée est basée sur la quantité d’énergie consommée. Au fur et à mesure que la consommation augmente, on passe au palier supérieur des tarifs et c’est ainsi que le volume de la compensation a diminué de 40%». Ainsi aussi justice est rendue aux couches sociales défavorisées qui consomment le moins. Et c’est, peut être, là le meilleur moyen pour pousser le citoyen à réduire sa consommation et à participer à l’effort national en matière d’économie d’énergie.
«Huit cents milliards de nos millimes, c’est une enveloppe colossale qui permet de financer toute une centrale électrique, sans recourir au moindre crédit», précise la même source. Et d’ajouter: «C’est un montant qui affecte l’image de marque de la société auprès des établissements bancaires et des institutions financières; il y va de la crédibilité de ses états comptables».
Quid de la solution?
Les cadres de la Steg estiment que les compteurs intelligents seraient la solution idéale, mais leur installation nécessite un investissement lourd et le procédé de payement par domiciliation s’est avéré sans efficacité eu égard à la situation des comptes bancaires des clients souvent dans le rouge dès le 24 ou le 25 du mois.
A terme, seule une amélioration de la situation générale dans le pays, et notamment sur les plans économique et social, pourrait aider la société à recouvrer ses dettes auprès des clients. Mais, d’ici là, il va falloir qu’elle tienne le coup…
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