Pour que la Tunisie mette un pied ferme dans le futur, les femmes doivent s’impliquer autant que les hommes, si ce n’est plus, dans les TICs.
Par Zohra Abid
Le monde de demain, on le sait, dépendra beaucoup des progrès enregistrés dans le domaine des technologies de l’information et de la communication (TICs). Il dépendra aussi, dans une large mesure, de l’engagement des femmes qui sont de plus en plus nombreuses à se distinguer dans ce domaine. C’est le cas en Tunisie, où les compétences féminines ne se comptent plus et sont, souvent, à l’avant-garde de leurs activités respectives en Afrique et dans le monde arabe. Reste que ce progrès doit être constamment renforcé et le «gender gap», qui empêche les femmes d’accéder aux postes de décision, réduit considérablement.
Samira Meraï et Noomane Fehri.
L’avenir dépend de la contribution des femmes
Cette question a été débattue au cours d’un déjeuner-débat sur le thème «Femme et TICs: un levier pour une meilleure égalité», organisé par le ministère des TICs et de l’Economie numérique, mercredi, dans un hôtel des Berges du Lac de Tunis.
C’était à l’occasion de la Journée nationale de la Femme, célébrée le 13 août de chaque année, en commémoration de la promulgation du Code du statut personnel (CSP), il y a 59 ans, qui a largement contribué à l’émancipation des femmes en Tunisie.
Le déjeuner-débat, présidé par Noomane Fehri, ministre des TICs et de l’Economie numérique, et Samira Merai, ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, a réuni une pléiade de femmes ayant émergé, chacune dans son domaine, et qui ont leur idée sur l’avenir du pays et les moyens de renforcer l’égalité entre les hommes et les femmes, booster les TICs et dynamiser l’économie nationale.
Renforcer l’égalité entre les hommes et les femmes, booster les TICs et dynamiser l’économie nationale.
«Les TICs sont des outils qui font avancer l’égalité entre les hommes et les femmes et l’autonomisation de ces dernières. Ils contribuent aussi développement des entreprises où les femmes jouent désormais un rôle aussi important que celui des hommes», ont-elles souligné, chacune avec ses mots et en partant de son expérience personnelle.
Internet ou le défi permanent
Pour mettre la rencontre dans son cadre, M. Fehri a souligné les 3 objectifs poursuivis par la stratégie nationale dans le domaine numérique: renforcer l’accès des familles à internet, connecter les écoles, collèges et lycées au réseau et parvenir à une administration avec zéro papier.
«Si on ne réalise pas rapidement ces 3 objectifs, je vous le dis franchement, la Tunisie aura du mal à accéder au monde de demain. Car, dans les 5 ans à venir, le monde va connaître une évolution équivalente à celle qu’il a connue au cours des 50 dernières années. Figurez-vous que les 2/3 de nos enfants aujourd’hui dans le primaire auront demain des métiers que nous ne connaissons pas encore. Il faut bien les préparer et accélérer la passation du témoin à ces jeunes», a souligné le ministre des TICs et de l’Economie numérique, en réitérant sa confiance aux femmes, qui seront parmi les principaux acteurs des évolutions à venir, grâce à leur esprit d’ouverture, leur abnégation dans le travail et leur fibre patriotique et citoyenne.
Les femmes seront parmi les principaux acteurs des évolutions à venir.
«En tant qu’éducatrices, vous êtes mieux ancrées dans la continuité générationnelle et vous avez un pied ferme dans l’avenir. C’est pourquoi nous comptons beaucoup sur vous pour nous y conduire», a lancé M. Fehri aux femmes présentes.
Egalité des chances
Parce que le monde est en train de changer à une grande vitesse, il n’y a pas de temps à perdre. Si Tunisie veut faire partie du monde de demain, elle ne doit pas rater son départ. Et le meilleur départ réside dans l’instauration, au plus vite, de l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, et une meilleure connexion aux réseaux. «D’ici 2020, il faut que toutes les familles tunisiennes, là où elles sont, soient connectées à Internet. Un enfant de Kasserine, de Mida ou d’ailleurs doit avoir la même chance qu’un Indien, un Coréen ou un Canadien pour intégrer les écoles digitales et recevoir la formation adéquate. C’est tout notre système éducatif qui doit changer. C’est vital», a plaidé Noomane Fehri.
Pour Samira Meraï, «les compétences féminines sont partout et s’imposent là où elles trouvent un bon environnement pour faire éclore leurs talents. Mais elles sont encore, malheureusement, très peu représentées dans les postes de décision.» Ceci représente, selon elle, une injustice sociale et un manque à gagner pour les femmes. Aussi le gouvernement est-il appelé à «agir pour essayer de changer la donne et donner davantage de visibilité aux compétences féminines qui ont beaucoup à donner et l’ont déjà démontré». Pour cela, un changement des mentalités s’impose.
Donner davantage de visibilité aux compétences féminines qui ont beaucoup à donner et l’ont déjà démontré.
Bientôt, l’article »46.org » sur le web
Pour contribuer à ce changement, Noomane Fehri, qui croit à la coopération public/privé autant qu’à l’égalité hommes/femmes, propose de lancer un site web qui oeuvrerait pour la réalisation de cet objectif. Le nom, il l’a déjà en tête. L’ancien constituant s’est inspiré, pour cela, de la constitution promulguée en janvier 2014. Ce sera donc ‘‘article 46.org’’, par allusion à l’article qui consacre l’égalité entre les deux sexes. «Voilà, on le fait tout de suite», a-t-il lancé, en demandant à celles qui veulent s’engager dans ce projet de se manifester rapidement. Ce sera, a-t-il expliqué, un travail en pool avec les ministères des TICs et de la Femme, et en partenariat avec des entreprises privées. M. Fehri s’est donné un délai de quelques semaines pour mettre sur pied ce projet qui lui tient déjà à cœur.
A vos claviers mesdames !
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