Qui a dit que l’homosexualité a été interdite par l’islam ? Les textes et les sources anciennes affirment exactement le contraire.
Par Djemaa Chraïti*
Imaginez, ce paradis fait de jardins arrosés d’eaux vives où les fruits se reproduisent à l’infini, là où l’ombre n’en est jamais chassée. Là où demeureront des épouses éternellement vierges. Là où les moindres désirs seront satisfaits. Parés de bijoux d’or et vêtus de manteaux verts en soie fine et satinée, les méritants seront allongés sur les divans, ornés de parures d’or et de perles; leurs vêtements seront de soie. Ils se délasseront dans les jardins du Paradis et leur maître satisfera tous leurs désirs, la faveur la plus enviable.
Le paradis «rose» des bons croyants
Imaginez, ces eaux vives et palais, ces hommes couchés sur des divans, reposant face-à-face, ils auront pour épouses des houris aussi belles que le rubis et le corail, vierges au teint immaculé, aux grands yeux. A ces hommes heureux, on servira toutes sortes de fruits. Ils goûteront au repos absolu. Fruits, viandes et coupes à profusion passeront des uns aux autres. Et parmi eux circuleront de jeunes garçons qui resteront éternellement jeunes. En les voyant on croirait voir des perles détachées d’un collier.
Autant de plaisirs charnels après la mort, ce paradis qui a tous les airs d’un lupanar où la débauche et la luxure récompenseront les croyants.
De jeunes garçons de surcroît qui offriront dans des coupes une liqueur exquise au goût de gingembre. Les plus croyants ne s’étonnent-ils donc pas qu’on leur propose de jeunes serviteurs éternellement jeunes?
Lorsqu’on découvre ce paradis, force est de se demander comment peut-on s’acharner sur des homosexuels alors que sont promis, aussi nets que des perles dans leur écrin, au paradis d’Allah, de jeunes éphèbes?
La charia et la régression de la foi
Les Etats qui appliquent la peine de mort pratiquent pourtant la sodomie avec enthousiasme et en Arabie Saoudite personne ne cache son «al-walad hagi», le garçon qui m’appartient. Les pays de la charia ont considérablement participé à la régression de la foi des musulmans et sont le fait de cheikhs ignorants.
Selon les sources religieuses, la première condamnation officielle intervient peu après la mort du Prophète et est ordonnée par son compagnon Saâd Ibn Abi Waqqâs (ne trouvant aucun hadith correspondant à quelconque sentence), qui fait exécuter deux hommes, en les poussant dans le vide du haut d’un toit et ordonne de les lapider. Cet épisode ouvrira la porte à la répression et à l’intolérance à l’encontre des homosexuels. Le prophète lui-même tolérait un «mukhannath» dans la maison de son épouse Aïcha, un être efféminé et castré.
Nous retrouvons des passages de la fréquentation des eunuques, ceux qui n’avaient pas d’attirance pour les femmes et dont on obtenait des faveurs sexuels, cités par Al-Bukhari et qui souligne un fait courant dans la société arabe qui considérait comme rapports appropriés les relations avec les eunuques donc non considérés comme masculins.
A l’époque du calife Al-Maïmoun, Yahia Bin Akhtam, cadi des musulmans à Bagdad, tolère voire autorise l’homosexualité.
Pour le théologien et philosophe Ibn Al-Hazm (994-1064), ce qu’on reproche d’abord à Loth c’est le manque de foi et ensuite le viol des visiteurs et de déplorer qu’on préfère des hommes aux femmes. Nul n’a jamais invoqué ni emprisonnement et encore une tuerie.
D’autres religieux acceptent l’idée que l’homosexualité innée est l’œuvre du Créateur et qu’Il ne peut se tromper. L’homme n’a donc pas à juger de sa création. Le Coran reconnaît qu’il y a des personnes qui sont «indéterminées».
Les houris et éphèbes des djihadistes
Et juste pour conclure, non sans sourire, sur une fatwa de 2015, qui fait couler beaucoup d’encre, Abu Bakr Al-Baghadi, le calife auto-proclamé de l’Etat islamique (Daêch), a autorisé les rapports sexuels entre mudjahidin à défaut de femmes. Un autre, le cheikh Abu Al Dema Al-Qasab a souligné que le djihad permettait l’élargissement de l’anus par les camarades de combat pour y placer une bombe. N’est-ce pas de la sodomie ?
Cette schizophrénie démontre dans quelle pauvreté intellectuelle nous sommes amenés à évoluer. Elle démontre aussi que les interprétations du Coran sont à la hauteur de ceux qui interprètent.
Il ne nous reste plus qu’à nous demander si une bonne partie des jeunes qui partent pour le djihad ne rêvent-ils pas simplement d’une libération sexuelle pleine et entière et s’ils n’espèrent et ne rêvent pas de retrouver, au paradis, houris et éphèbes qui les consoleront des misères de ce monde.
* Militante et blogueuse tuniso-suisse.
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