Face à la crise qui perdure, Amen Bank privilégie l’action : modernisation, lancement de nouveaux produits et meilleur accompagnement des clients.
Par Wajdi Msaed
Après une éclipse de trois années, le rendez-vous qu’Amen Bank avait pris l’habitude d’organiser, à la fin de chaque année, avec sa clientèle, est revenu, cette année, avec l’organisation, mardi 3 novembre, d’un séminaire sur le thème: «La réforme du marché de change : quel apport pour l’entreprise tunisienne ?». Ce fut une occasion aussi pour présenter la nouvelle plateforme de change de la banque: « @menfx ».
Le marché de change a été lancé en Tunisie il y a 22 ans. C’est, à n’en pas douter, l’une des réalisations les plus réussies du secteur financier tunisien. Le lancement par l’Amen Bank de la plateforme « @menfx » est un nouveau jalon sur la voie du renforcement de ce marché. Il en a d’ailleurs été question dans ce séminaire, marqué par quatre interventions, consacrées entre autres aux nouveaux produits lancés par Amen Bank, tel le service Optimax relatif au placement de la trésorerie, ou encore à la ligne de crédit au profit des PME-PMI accordée récemment par la Berd à Amen Bank. Le débat a porté aussi sur la gestion des devises en période de crise par l’entreprise tunisienne.
Ahmed El Karam, président du directoire de la banque, qui ouvert le séminaire, a brossé un tableau de la situation économique à l’échelle nationale et préconisé les remèdes les plus à même d’assurer la reprise de l’économie tunisienne. Il a présenté également les résultats de sa banque et ses perspectives d’avenir.
Conjoncture mondiale difficile
«La conjoncture mondiale est assez difficile. Elle est marquée par une baisse tangible de la croissance dans toutes les économies du monde, même celles habituées à des taux à deux chiffres», a averti M. El Karam. Ce qui n’a pas manqué d’impacter négativement l’économie tunisienne qui est, on le sait, très dépendante de celle de l’Union européenne, représentant plus de 70% de ses échanges.
S’agissant du marché de change, M. El Karam a indiqué que la communauté financière internationale s’attend à une augmentation du taux d’intérêt aux Etats-Unis d’ici la fin de l’année, ce qui entrainerait, on s’en doute, un flux de capitaux et d’investissements et une augmentation du cours du dollar américain. En revanche, l’Europe continuerait à se morfondre dans la récession. Et c’est pour cette raison, estime le président du directoire de l’Amen Bank, que la Banque européenne d’investissement (BEI) est venue en aide à l’économie tunisienne en y injectant d’importants capitaux et en aidant les banques tunisiennes à relancer les crédits et à investir dans l’activité économique.
Face à une conjoncture mondiale à deux vitesses, quel impact cela aura-t-il sur le marché de change ? «L’ère du dollar fort et de l’euro faible va encore se poursuivre», répond M. El Karam. Ce qui ne manquera pas d’impacter le secteur financier et l’économie tunisienne dans son ensemble, qui passe, depuis près de 5 ans, par une phase difficile et une crise aigüe, en raison notamment de l’insécurité causée par la montée du terrorisme et l’instabilité sociale et politique. Conséquence : un recul de la croissance qui tend vers 0% et qui se traduit par un creusement du déficit budgétaire et du déséquilibre de la balance de paiement.
Aussi se retrouve-t-on, aujourd’hui, en Tunisie, devant une économie en manque de performance et un climat peu favorable à l’investissement intérieur et étranger, pourtant nécessaire pour relancer l’économie, générer la croissance et dynamiser le marché de l’emploi.
Toutes les compétences du pays doivent donc impérieusement conjuguer leurs efforts pour essayer de trouver les solutions adéquates pour sortir de cette situation critique.
A ce propos, M. El Karam se veut plutôt optimiste. Et pour cause: «La crise par laquelle nous passons actuellement n’est pas aussi grave que celles que nous avons connues en 1969-1970 et en 1986». En d’autres termes : cette crise est encore largement surmontable, encore faut-il trouver et mettre en place les solutions adéquates, comme on l’a fait, pour la première, à travers la loi 72 et l’encouragement à l’exportation massive et, pour la 2e, en optant pour la privatisation de tous les secteurs non stratégiques et concurrentiels, a rappelé, à juste titre, M. El Karam.
La solution des 4 amnisties
«Lors des 2 crises précédentes, nos caisses étaient vides avec 0 réserves en devises, alors qu’actuellement, nous disposons d’un dépôt pouvant couvrir 120 à 125 jours d’importation», a-t-il fait remarquer, comme pour inciter les Tunisiens à abandonner leur attentisme paralysant actuel et à s’engager plus volontairement dans le processus de réforme et de modernisation de l’économie.
En effet, la situation qui prévaut nécessite le rétablissement du climat de confiance dans le milieu des affaires et parmi les opérateurs économiques et ce à travers l’adoption de réformes énergiques, qui
«Malheureusement, ces réformes tardent à être mise en place, en raison notamment des blocages politiques causés par la nature même du régime parlementaire mis en place suite aux législatives de 2014 et qui a abouti à la constitution d’une coalition gouvernementale regroupant 4 partis», a encore expliqué le président du directoire d’Amen Bank.
Invoquant l’urgence d’une relance économique, qui ne saurait plus tarder sans mettre gravement en danger les fondements même de l’économie tunisienne, M. El Karam a proposé au gouvernement la solution des 4 amnisties, censées réconcilier les opérateurs économiques avec l’administration. Ces amnisties concerneront les secteurs du change, de la fiscalité, de la douane et de l’économie parallèle. Il s’agit d’encourager les contribuables à payer ce qu’ils doivent à l’Etat pour régulariser leur situation, dans le cadre d’une réconciliation générale.
Les réformes prendront du temps à donner leurs fruits, mais la mise en place d’un climat de confiance pourrait aider les Tunisiens à s’en sortir avec le moins de dégâts possible et à retrouver le rythme de croissance auquel ils se sont habitués au cours des année 1990-2000. «Il faut pour cela que le gouvernement fasse preuve d’audace et mette en place des mesures pertinentes qui, même contestées au début, finiront par être bénéfiques pour l’avenir du pays».
Trois axes d’action de modernisation
Après avoir présenté les indicateurs clé de sa banque, M. El Karam a conclu qu’Amen Bank évolue de manière rationnelle en agissant sur 3 axes majeurs pour se mettre au diapason de la modernité.
D’abord l’électronique : Amen Bank est pionnière dans la banque via internet puisqu’elle a lancé la 1ère banque virtuelle, l’Amen First Bank, et elle lance, aujourd’hui, la plateforme électronique de change «@menf».
Ensuite, et compte tenu du manque de liquidités dans le pays, Amen Bank a fait montre d’une grande réactivité face à la crise en s’adressant à l’étranger pour collecter les fonds dont elle a besoin pour financer les projets de ses clients. Trois lignes de crédit ont, ainsi, été ouvertes : la 1ère d’un montant de 3 millions de dollars, consacrée au financement de l’efficacité énergétique; la 2e contractée auprès de la Berd pour un montant de 15 millions de dollars pour garantir les exportations; et, enfin, la 3e, ouverte auprès de la BEI en vue de financer, à concurrence de 50 millions d’euros, des investissements d’ordre général, tous secteurs de l’économie nationale confondus.
Troisième axe d’action : la banque travaille sur deux projets visant à dynamiser davantage l’économie dans le pays, à savoir la création d’une banque d’affaires dédiée aux investisseurs disposant d’un patrimoine à fructifier et l’accès au système de la finance islamique. «La BCT tarde à répondre à notre requête», a cependant déploré M. El Karam.
La plateforme @menfx
Il s’agit de la première plateforme de change électronique en Tunisie. Ce service «unique, riche et varié» est destiné aux entreprises. Il permet d’accéder directement, via un terminal, au marché de change, le plus important soit-il au monde. Ce procédé, autrefois réservé aux banques, autorise de partager les informations et les mises à jour, en temps réel, des prix des devises, soit entre-elles, soit par rapport au dinar tunisien.
Cette plateforme permet aussi d’intervenir instantanément pour réaliser les transactions de change au comptant et d’éditer, en même temps, les confirmations des opérations.
L’avantage dans ce procédé est que les cours offerts sont plus compétitifs que ceux habituellement pratiqués au téléphone entre les cambistes. Il offre un gain de productivité et de délai, une meilleure sécurité et une réduction des coûts directs et indirects.
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