Une femme tunisienne battue relate son drame et adresse un message aux autorités tunisiennes après avoir quitté la Tunisie pour fuir les menaces de son mari.
Donia a longtemps souffert des exactions de son mari qui, tout en restant dans l’impunité totale, l’a toujours harcelée et menacée de mort en Tunisie. Désespérée, Donia s’est trouvé contrainte à l’exil volontaire. Mais empêchée de voyager, suite aux interventions de son mari auprès de certaines de ses connaissances haut placées, la jeune femme a dû quitter la Tunisie clandestinement pour refaire sa vie à l’étranger, en compagnie de ses enfants, loin des agressions corporelles psychiques de son mari à son encontre.
« Je veux juste éduquer mes enfants dans ce pays, où je viens juste de m’installer, a dit la jeune femme qui a refusé de décliner le nom du pays d’accueil. Je vais essayer de m’y adapter rapidement. Je vais travailler très dur pour assurer l’avenir de mes enfants. Mon mari ne les verra plus. Même si je meurs demain, mes gosses seront pris en charge par une autre famille d’ici, ou même par l’Etat qui m’a donné refuge ».
Donia a dénoncé l’injustice dont elle était l’objet en Tunisie et décrié la corruption qui, selon ses dires, règne parmi certaines structures de la police tunisienne: « Je ne reviendrais plus jamais en Tunisie, a-t-elle ajouté en sanglotant. Dans mon pays, tous mes droits ont été lésés. J’ai vainement contacté, à maintes reprises, la police tunisienne pour lui demander secours, au moment même où mon mari essayait de défoncer la porte de ma maison dans le but de me battre ou probablement de me tuer. J’ai beau affirmer aux policiers que ma vie était en danger. Finalement, il s’est avéré que mon époux avait noué des liens très étroits avec le chef du poste de police de la Soukra(1). Il a corrompu la plupart des agents de ce poste dans le dessein de tirer profit de leur autorité dans notre conflit conjugal ».
« J’ai même contacté le procureur de la République, a encore confié Donia. Ce dernier m’a franchement avoué que je n’aurais jamais gain de cause si je portais plainte contre mon mari auprès d’un poste de police et qu’il ne s’y rendrait d’ailleurs même pas. Le procureur de la République m’a conseillé d’aller porter plainte auprès de la brigade criminelle de Gorjeni(2), chose que j’ai faite. Mais mon époux a refusé, durant dix jours, de se présenter devant cette brigade et il a contacté son réseau de connaissances pour se protéger. Il a même offert près 3 milles dinars à chacun des enquêteurs de la brigade en question. C’est lui-même qui me l’a affirmé. Il m’a, de surcroît, intimidé en m’assurant que je ne serais jamais de taille à le combattre en Tunisie ».
« D’ailleurs, a poursuivi la jeune femme, la seule fois où mon mari s’est présenté au poste de la brigade de lutte antiterroriste, il a été bien accueilli par les agents de cette section sécuritaire. Ces derniers lui ont même offert du thé et ont essayé, par tous les moyens, de me convaincre que j’étais dans l’erreur et que j’avais intérêt à retirer ma plainte ».
Donia a soutenu que son époux l’a menacée de mort. Sous l’emprise de stupéfiants, Il lui disait fréquemment: « Bientôt nous allons rencontrer Dieu! Ce sont les messages qu’il m’envoyait sur mon téléphone portable, a confié Donia. Que pourriez-vous retenir de ces propos, si ce n’est qu’il envisageait de m’assassiner, de tuer mes enfants et de se suicider par la suite?! Dans tous les cas, si j’ai fui, c’est pour ne pas être tué par mon mari, psychopathe qu’il est ».
La jeune femme éplorée a voulu adresser, à travers cette vidéo qu’elle vient de publier, un message aux autorités compétentes en Tunisie pour que cette affaire soit résolue légalement et honnêtement, loin de tout abus de pouvoir, de toute influence extérieure ou de copinage ou encore d’actes de corruption: « Mon mari a récemment publié, sur l’un des réseaux sociaux, une photo de lui se tenant aux cotés de l’actuel chef du gouvernement tunisien Habib Essid. Que voulait-il faire entendre en agissant de la sorte? Il voulait sans doute me faire comprendre qu’il est bien soutenu en Tunisie. Aussi, Je ne peux qu’adresser un vibrant appel aux autorités policières tunisiennes ainsi qu’aux parties influentes et compétentes dans mon pays pour qu’elles agissent et pour que justice soit faite dans mon affaire. Cause qui pourrait être celle de nombreuses femmes en Tunisie. », a conclu la jeune femme exilée.
1- Soukra est une banlieue nord de Tunis.
2- Gorjeni est au centre-ville de Tunis.
H.A.
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