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Caïd Essebsi et les islamistes : L’heure de vérité

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Lettre ouverte à monsieur Béji Caïd Essebsi, président de la république tunisienne, après l’attentat terroriste de Tunis.

Par Raouf Dakhlaoui*

Monsieur le président de la république, le terrorisme a encore frappé. Cette fois-ci, en faisant plus de quinze morts au sein même de la garde présidentielle, corps d’élite de la police nationale, chargé particulièrement de votre sécurité et de celle de vos proches.

Monsieur le président de la république, notre pays est en train de payer un lourd tribut au terrorisme à cause duquel le citoyen tunisien ne se sent plus du tout en sécurité, qui a mis par terre l’économie de notre pays, en s’attaquant à tout les secteurs de production ainsi qu’à notre culture.

Monsieur le président de la république, tout, dans le pays, va à vau-l’eau; économie en déroute, tourisme moribond, industrie désuète et non concurrentielle, transports claudicants, presse non professionnelle, arrogante et de bas niveau, et j’en passe. Je ne parle pas de la généralisation de la corruption et de l’incompétence dans tous les domaines. Une police infiltrée et une justice qui n’a pas fait le ménage parmi ses propres éléments compliquent tout rendu de la justice.

La situation politique est, vous le savez, catastrophique avec un parti majoritaire, le vôtre, en train de se déchirer pour une question d’arrivisme, un parti allié qui attend le bon moment pour vous balayer et une opposition qui fait montre d’irréalisme et d’infantilisme grave.

Enfin, une organisation syndicale complètement irresponsable qui tend à mener le pays vers le précipice.

Heureusement, notre armée nationale, dans son rôle de grande muette et qui est en train de payer un très lourd tribut, obtient des résultats satisfaisants mais peu suffisants.

Monsieur le président de la république, tout le monde, dans notre pays, sait qui sont les terroristes, vous le premier.
Personne ne doute de votre sentiment national ni de votre attachement profond à la patrie. Mais pour des calculs politiques, vous ne voulez pas les dénoncer et agir contre eux. Vous combattez les sous-fifres et laissez en paix les têtes pensantes. Pensez-vous que vous arriverez par la raison à les combattre ?

Aujourd’hui, la lutte contre le terrorisme semble se mondialiser et les pays qui le financent, comme le Qatar, l’Arabie Saoudite ou la Turquie, sont de plus en plus montrés du doigt. Ces régimes sont l’illustration de l’organisation des Frères musulmans, secte terroriste représentée dans notre pays par le parti Ennahdha. Pourquoi ne pas aller dans ce sens et prendre des mesures coercitives contre le parti de Rached Ghannouchi?

Monsieur le président de la république, il est de notoriété publique que les mouvements terroristes ont proliféré dans notre pays depuis l’arrivée du parti Ennahdha au pouvoir. Représentés par des groupuscules violents, ces mouvements ont été encouragés et justifiés par le pouvoir nahdhaoui dont le chef, Rached Ghannouchi, avait déclaré que ces gens (les extrémistes) n’étaient pas des extra-terrestres et qu’ils lui rappelaient sa jeunesse. D’autres dirigeants du même parti avaient déclaré que les «jeunes» qui s’entrainaient sur le Mont Chaambi n’étaient là que pour faire du sport. Les déclarations de ce genre sont légion et il serait fastidieux de les énumérer ainsi que les accusations d’apostasie contre des dirigeants ou les menaces de l’ex-député Habib Ellouze, la veille de l’assassinat du martyr Chokri Belaïd.

Monsieur le président de la république, maintenant, c’est votre tête qu’ils veulent; aujourd’hui, c’est le bus de votre garde, demain, ce sera le cortège dans lequel vous vous déplacerez. Votre laxisme et votre bienveillance y sont pour beaucoup.

Monsieur le président de la république, réagissez. Prenez les mesures nécessaires. Usez de votre influence pour pousser le gouvernement à prendre des mesures radicales contre les terroristes. S’il faut en payer le prix, la Tunisie peut se le permettre.

Quand on prend des mesures courageuses, des sacrifices sont nécessaires et nous sommes prêts à les faire. Mais nous ne les ferions que dans le cas où vous prendriez les mesures appropriées.

Monsieur le président de la république, Winston avait déclaré en 1938, après les accords de Munich : «Vous aviez à choisir entre la honte et la guerre; vous avez choisi la honte et vous aurez la guerre». Je n’ai pas envie de vous le dire, un jour.

Monsieur le président de la république, notre pays est en guerre et attend que vous preniez la tête du combat. Notre dernier espoir est en vous. Si vous ne vous sentez pas capable de mener cette bataille, il ne vous reste plus qu’à vous en aller; d’autres sauront sûrement mener cette tâche à bien. Si vous vous sentez trop âgé pour entamer cette lourde bataille, personne ne vous en voudra de quitter prématurément la présidence de la république. Nous vous serons toujours gré d’avoir chassé les intégristes du pouvoir par les urnes.

Monsieur le président de la république, je suis un optimiste invétéré et veux toujours croire en votre capacité et en votre compétence. Frappez cette vermine à la tête et je vous assure du soutien de tous les vrais démocrates, non ceux qui ont plusieurs facettes et qui tournent avec le vent comme une girouette.

* Libraire.

 

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