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‘‘Déjà vu’’ de Khaled Zidi : La solitude du fils maudit

Deja-vu

La nouvelle pièce de Khaled Zidi est une descente dans l’enfer d’une maternité absorbée par la rancœur, la répulsion et l’anxiété.

Par Fawz Ben Ali

La première de la pièce théâtrale ‘‘Déjà vu’’ («Ams wa Houna»), a été donnée dans la soirée du mardi 19 janvier 2016, à la salle du 4e Art à Tunis.

Pour sa nouvelle création, le jeune auteur et metteur en scène Khaled Zidi a misé sur deux jeunes talents prometteurs à qui il a confié les deux rôles principaux : Asma Rezgui et Melki Lebaoui.

De nombreux artistes étaient présents le soir de la première, à l’instar de Fatma Ben Saïdane, Dalila Meftahi et autres Abdelghani Ben Tara, pour découvrir ce projet théâtral 100% jeune et dont on disait beaucoup de bien.

Asma-Rezgui

Asma Rezgui.

Fruit d’une alliance barbare

La genèse de la pièce est partie d’une nouvelle lecture du célèbre roman ‘‘Les noces barbares’’ de l’écrivain français Yann Queffelec, prix Goncourt 1985. Khaled Zidi a transposé l’histoire du roman dans un contexte tunisien, situant les événements à la période de l’occupation française, où une jeune fille d’à peine 13 ans se trouve victime d’un triple viol commis par deux soldats français et un espion tunisien. Soumise à leurs délires sexuels avinés, elle tombe enceinte. Après plusieurs tentatives d’avortement vouées à l’échec, elle accouche d’un garçon qui ne connaîtra jamais son père. Fruit d’une alliance barbare, ce fils maudit, incarné par Melki Lebaoui, nous plonge dans sa solitude et sa peine, surtout que sa mère, jouée par Asma Rezgui, choisit de l’abandonner et le hait autant que ses violeurs.

Khaled Zidi nous peint ici un nouveau visage de la maternité absorbée par la rancœur, la répulsion et l’anxiété.

Un duel d’interprètes poignants

La tâche s’annonce encore plus ardue lorsqu’il se confronte à l’hostilité de sa mère qu’on ne sait si on devrait la blâmer ou la plaindre.

Melki-Lebaoui

Melki Lebaoui.

Après une longue séparation, les deux protagonistes se retrouvent pour une ultime confrontation décisive qui oscille entre amour et haine, espoir et désespoir. Saisis de colère et parfois de tendresse, ils frôlent la folie et atteignent un ouragan émotionnel entre violence physique, cris, larmes et rires hystériques. On est confronté à un duel d’interprètes poignants dans leur capacité à traiter de telles complexités psychologiques dans ce rapport mère-fils pervers et macabre.

A travers le choix d’un sujet aussi terrible, rehaussé par un dialogue cru et d’une scénographie tragique de 70 minutes, Khaled Zidi a su nous faire passer toute l’angoisse et la douleur de ces deux aliénés de la vie.

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