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Dieudonné à Tunis: «Un spectacle de paix dans un monde de fou»

Dieudonne-Tunisie

Dieudonné M’bala M’bala, le controversé humoriste français, a donné deux spectacle en Tunisie, le weekend du 6 au 7 février 2016.

Par Fawz Ben Ali

Ses fans tunisiens ont eu droit à deux représentations, à Tunis et à Sousse, organisées par l’Association tunisienne des cultures urbaines (Atcu), dans le cadre de sa tournée mondiale pour représenter l’ultime spectacle de sa carrière ‘‘Dieudonné en paix’’. Et ils n’ont pas manqué à l’appel, insensibles aux vagues de critiques provoquées par l’humoriste français.

L’homme que les bien-pensants aiment détester

Considéré comme l’humoriste au plus lourd casier judiciaire, Dieudonné est continuellement traqué par la justice française, enchaînant procès après procès pour délits de diffamation, d’injure et d’incitation à la discrimination raciale et religieuse, risquant ainsi la prison.

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L’humoriste devant l’aéroport de Tunis-Carthage.

Expulsé de son théâtre La Main d’or à Paris, Dieudonné se voit de plus en plus marginalisé dans le milieu du spectacle, essentiellement pour ses sketchs qui abondent d’allusions et de propos à caractère jugé antisémite, ainsi que les attaques systématiques qu’il lance contre des personnalités juives, dépassant souvent les limites de la provocation et allant jusqu’à considérer le judaïsme comme «une secte et une religion de profit». Ces propos lui ont valu, d’ailleurs, une condamnation féroce de la part de l’ensemble du monde politique et médiatique français, à l’exception du Front national, parti d’extrême droite dont il s’est rapproché dernièrement, après l’avoir longtemps farouchement combattu.

L’humour agaçant, sulfureux et politiquement incorrect de Dieudonné lui vaut d’être accusé de communautariste, négationniste et antisémite. Il serait même, titre très lourd à porter, «le représentant du nouvel antisémitisme».

Mais le phénomène Dieudonné a pris une ampleur plus importante surtout au lendemain de l’attaque de Charlie Hebdo, en janvier 2015, quand l’humoriste a partagé sur sa page officielle le slogan provocateur : «Je me sens Charlie Coulibaly», par allusion à l’auteur du massacre du magasin Hyper Cacher, à Paris, ce qui lui a valu d’être condamné à deux mois de prison pour apologie d’actes terroristes.

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Affiche du spectacle au Club Kantaoui, à Sousse.

Bien que son humour soulève à chaque fois un tollé général, Dieudonné continue de fidéliser autour de lui un public large et hétéroclite. Sa carrière ne cesse de prospérer, dépassant les frontières de la France et de l’Europe, malgré les polémiques qui l’entourent et l’absence de publicité dans les grands médias.

Dieudonné a souhaité finir sa carrière en beauté avec un dernier spectacle intitulé ‘‘Dieudonnée en paix’’, une étrange promesse. Le public tunisien n’a d’ailleurs pas manqué l’occasion pour venir en masse découvrir l’ultime opus de l’artiste qui achève une carrière magistrale de 25 ans.

Une sorte d’aboutissement du rire

Au top de sa forme et avec un feu d’artifices sarcastique habituel, Dieudonné nous parle dans ce spectacle de paix intérieure, «car on est loin de pouvoir profiter d’une paix civile dans le monde d’aujourd’hui», dit-il. «Cette paix intérieure nous aidera à avancer, et sera pour moi une sorte d’aboutissement du rire», ajoute-t-il.

L’artiste qui ne mâche pas ses mots nous a emmenés dans sa «dieudosphère» où règne un humour noir déroutant mettant en scènes autant de personnages fictifs et réels. Fidèle à son habitude de tourner en dérision toute sorte de figures politiques, qui restent sa première cible, Dieudonné s’acharne sur Nicolas Sarkozy, François Hollande, Barack Obama ou encore Emmanuel Valls, les qualifiant de «maîtres de guerres».

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Un ultime one-man-show pour fustiger les maîtres de guerre.

Comme il n’épargne personne, Dieudonné n’omet de décocher des flèches à ses collègues humoristes, qui, selon lui, choisissent la facilité en se tenant dans le cadre du «politiquement correct».

Dans son ultime one-man-show, il s’attache encore une fois à faire transparaître son militantisme en dénonçant les injustices dans le monde et en défendant, notamment, la cause palestinienne, qui lui tient particulièrement à cœur.

Dans l’un des sketchs, Dieudonné s’interroge sur la notion du pardon et met en scène un Japonais qui a bien su pardonné à l’Américain les bombardements de Hiroshima et Nagasaki, mais «comment est-ce-que le Palestinien peut-il pardonner au reste du monde?», nous demande-t-il.

L’artiste décide donc de mettre un terme à un riche et long périple humoristique avec «un dernier spectacle de paix dans un monde de fou», comme il a désiré nous le présenter.

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