Un jeune homme a été agressé, dimanche à Sousse, pour avoir défendu sa fiancée contre un policier qui lui reprochait de… fumer une cigarette dans une buvette !
Salem El Gharbi (24 ans) a été agressé par un policier près de l’arrêt de louages (véhicules de transport inter-régional) de Sousse.
Le jeune homme, qui a fait 5 ans d’études d’ingénieur en électronique industrielle et conception électronique à l’Ecole nationale d’ingénieurs de Sousse (Enis), travaille dans une startup, a raconté à Kapitalis sa mésaventure.
Dimanche dernier, vers 9 heures, Salem, accompagné de ses amis, son frère et sa fiancée, était à la station de louage pour se rendre à El-Jem. «Nous voulions joindre l’utile à l’agréable. D’une part découvrir la région et passer du bon temps et d’autre part aller à la rencontre de personnes pouvant contribuer à notre travail», raconte le jeune homme.
En attendant le louage, les jeunes se sont attablés à la buvette de la station. Un policier s’est alors approché d’eux et a réprimandé la jeune fille parce qu’elle a allumé une cigarette. Elle a calmement expliqué que rien ne lui interdisait de fumer et qu’elle était donc libre de le faire.
Le policier a continué à la réprimander et cela a déplu à Salem et à son ami, qui ont demandé au policier de ne pas se mêler des affaires de la jeune fille. L’agent n’a pas apprécié cette intervention et a demandé aux garçons leurs cartes d’identité sur un ton sévère. Lorsque Salem a répondu qu’il n’a pas de papiers, qui sont en cours de renouvellement, le policier s’est mis à crier et à agresser verbalement ses interlocuteurs.
«Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, ni pourquoi ni comment, mais je me suis retrouvé menotté. Le policier m’a ensuite mis un coup sur la tête et m’a emmené au poste de la station», ajoute-il. Au poste, il se fera violenter et insulter.
Le jeune homme s’en sort avec des contusions, des douleurs et des lunettes brisées mais il a gardé surtout le mauvais souvenir d’avoir été injustement agressé et humilié, qui plus est par une personne sensée représenter l’ordre…
«C’est grâce à l’intervention de proches qui travaillent dans le même secteur que le policier que nous avons été relâchés, sans cela, je ne sais quel délit on nous aurait collé. C’est injuste que cela se passe ainsi, cela veut dire qu’il faut avoir des pistons même lorsqu’on est innocent. Comment les choses se passeraient alors pour ceux qui n’en ont pas ? Combien d’injustices, dont nous n’entendrons jamais parler, ont lieu dans ce pays où une révolution a eu lieu?», a-t-il déploré.
Salem El Gharbi travaille dans une jeune entreprise montée par ses amis. Il précise qu’il veut contribuer au développement de son pays dans tous les domaines. «Nous avons besoin d’une révolution dans les mentalités pour que le pays puisse avancer», explique-t-il, ajoutant que chacun devrait nettoyer devant sa porte et respecter les libertés des autres .
On notera que les agressions policières deviennent récurrentes, traitées comme de simples faits divers, or il s’agit là de dépassements graves, sur lesquels la justice devrait se pencher pour éviter que l’on revienne à l’ère de la répression policière tout azimut.
Y. N.
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