Littérature pour enfants : L’ATB décerne les Prix Mustapha Azouz 2016

Les heureux gagnants des 7e Prix Mustapha Azouz sont Brahim Darghouthi, Emna Remili, Mohamed Imed Abdellaoui et Imed Jelassi, placés ex-aequo en 3e place.

Par Zohra Abid

La cérémonie de la remise de ces prix destinés à primer les auteurs arabes de littérature pour enfants s’est déroulée vendredi dernier à l’hôtel Africa à Tunis, en présence de Sonia Mbarek, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, ainsi que de Abdelwahed Gouider, directeur général adjoint de l’Arab Tunisian Bank (ATB), de sa collaboratrice Anissa Saadaoui, directrice de communication et des relations médias, ainsi que Souad Affess, présidente de l’Association Forum de la littérature de l’enfant, partenaire de l’ATB, des écrivains, romanciers, éducateurs, pédagogues et éditeurs.

Une forte présence maghrébine

Le jury de la session composé de Mohamed Eyet Mihoub (président) et de 3 membres, Khaled Ouaghlani, Nefla Dehab et Hafedh Mahfoudh, a reçu 55 dossiers de candidatures. «Nous avons accepté 42 titres qui répondent aux règles de ce prix. Le 5 mars dernier, nous avons décidé de ne retenir que 6 titres. Nous nous sommes réunis le 12 mars pour discuter et trancher», a indiqué le président du jury. «Pour cette 7e édition, nous avons constaté une forte présence maghrébine mais aussi du Moyen-Orient. Nous avons aussi relevé dans plusieurs ouvrages présentés des fautes de langue et nous conseillons les écrivains de se relire et de confier leurs manuscrits à des correcteurs professionnels comme le font tous les écrivains du monde. Le cru n’en reste pas moins assez bon et d’un niveau appréciable. Ce qui prouve que la littérature pour enfant se porte bien et avance dans le bon sens», a ajouté Mohamed Eyet Mihoub, avant d’annoncer le palmarès.

Brahim Darghouthi reçoit son prix de la ministre de la Culture Sonia Mbarek.

Le romancier et nouvelliste tunisien Brahim Darghouthi a reçu le premier Prix Mustapha Azouz 2016 d’un montant de 8.000 DT pour son conte pour enfant intitulé ‘‘Fayrouz wa Arayess Al-Bahr’’ (Fayrouz et les sirènes). L’écrivain, qui est venu de Gafsa, est directeur d’une école primaire à Om Laarayes et il vice-président de l’Union des écrivains tunisiens. Auteur de 9 romans et de 4 traductions, il a aussi écrit pour les enfants dans un style frais et accrochant, en cherchant à développer l’imaginaire scientifique chez les enfants en puisant dans sa double expérience d’éducateur et d’écrivain. La plupart de ses écrits sont, d’ailleurs, enseignés dans les écoles primaires. Son conte ‘‘Fayrouz wa Arayess Al-Bahr’’ se distingue par la qualité de la narration, dont le style sobre et dépouillé n’interdit pas un certain lyrisme, le tout au service de la défense et de l’illustration des valeurs humanistes voire aussi humanitaires.

«Ecrire est la seule chose qui compte pour moi et la littérature est mon univers», nous a confié le lauréat, qui partira à la retraite dans quelques mois et promet de consacrer davantage de temps à l’écriture.

A l’écoute des enfants

Le second prix, d’un montant de 5.000 DT, a été attribué à Emna Remili, romancière, écrivaine, qui enseigne la langue arabe à la faculté des lettres à Sousse. Son conte intitulé ‘‘L’Aventure d’un scout’’ est «merveilleusement bien écrit», indique le rapport du jury, qui ajoute : «Nous ne pouvons que la féliciter et l’encourager à continuer à écrire pour l’enfant comme elle le fait si bien pour l’adulte dans ses romans, essais et études».

Emna Remili, connue dans le paysage littéraire du pays, a souvent été primée. En 2003, le jury du Prix Comar du roman tunisien lui a décerné le Prix Découverte et, en 2014, celui du Jury. La même année, elle a décroché l’un des 5 prix décernés par le Credif, qui encourage chaque année les écrits féminins. Emna Remili compte à son actif d’autres prix, dont celui du Club de la Nouvelle.

Emna Remili reçoit son prix des mains de Abdelwahed Gouider, directeur général adjoint de l’ATB.

«J’ai toujours aimé écrire pour les petits. Mais ‘‘L’Aventure d’un scout’’ est ma première expérience dans le domaine de l’écriture pour enfants et j’avoue que c’est beaucoup plus difficile que d’écrire pour les adultes. Ce conte évoque l’ambiance qui règne dans les rassemblements des enfants, lorsqu’ils sont loin de leurs familles. Ils apprennent à être autonomes, à vivre en communauté et assument entièrement leurs responsabilités. J’ai décrit ces ambiances dans des cadres réels et j’ai mis en valeur les massifs tunisiens dont ceux d’Aïn Drahem, de Jebel Aïn Soltan et de Fernana», a indiqué la lauréate dans un entretien avec Kapitalis.

Emna Remili a aussi précisé qu’elle a pu raconter ces ambiances en se fiant aux récits que lui en a faits son fils Yassine Oueslati, un ancien scout, aujourd’hui âgé de 23 ans. Elle a aussi pioché dans son propre imaginaire pour enrichir le livre.

Le 3e prix, d’un montant de 3.000 DT, a été décerné en ex-aequo à l’artiste plasticien et écrivain marocain Mohamed Imededdine Abdellaoui pour son conte ‘‘Rawnaq fi oufouq al ardh’’, écrit dans un style poétique joyeux. L’auteur, enfant de Tanger, n’a pas pu faire le déplacement à Tunis pour recevoir son prix. Le prix a été également décerné à Imed Jelassi pour son conte ‘‘Jey-noum’’. Le lauréat, qui habite l’Ariana, a commencé à écrire dès son plus jeune âge et ses écrits sont souvent des plaidoyers pour la sauvegarde de l’environnement.

Imed Jelassi reçoit son prix des mains de Souad Affess, présidente de l’Association Forum de la littérature de l’enfant.

Hommages aux petits et aux grands

L’Association Forum de la littérature de l’Enfant a, de son côté, décerné 2 prix à 2 jeunes qui ont réussi le concours national récemment organisé par le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine. Les 2 gagnants sont Wala Touati pour ‘‘Khawater fi tajribatel kiteba’’ et Nourchène Jaouadi pour ‘‘Personne ne comprend l’enfant plus que l’enfant’’.

La cérémonie a été marquée notamment par un émouvant hommage à l’Egyptien Yaakoub Charouni, qui a écrit des centaines d’ouvrages pour enfants, dont beaucoup sont enseignés dans les écoles primaires en Egypte et dans le monde la région. Et pour cause : outre leur qualité d’écriture, qui permet aux enfants d’apprendre la langue arabe à bonne source, ces ouvrages véhiculent des messages de portée humaniste.

«Je remercie la banque mécène pour ce prix qui porte le nom d’un grand écrivain national comme Mustapha Azouz. Nous devons continuer à investir dans l’éducation des enfants, afin de les immuniser contre les maux de notre société, comme la violence et l’extrémisme. Et le livre peut contribuer à l’éducation des hommes de demain. Aussi devons-nous continuer à encourager les écrivains et les éditeurs», a déclaré la ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine.

Hommage à l’écrivain égyptien Yaakoub Charouni.

Rappelons que la cérémonie de remise des Prix Mustapha Azzouz a clôturé un colloque de 2 jours consacré au thème de «l’enfant dans la littérature arabe pour enfant», au cours duquel des écrivains et des éducateurs ont débattu de sujets relatifs au rôle de la littérature dans l’éducation des enfants, en présence du ministre de l’Education, Neji Jalloul.

Abdelwahed Gouider, directeur général adjoint de l’ATB, a rappelé que le Pdg de la banque, Farid Ben Tanfous, accorde beaucoup d’importance aux Prix Mustapha Azzouz, et c’est pour cette raison qu’il a revu à la hausse le montant des prix. Il est aussi en train d’étudier la proposition de donner à ce prix une dimension internationale.