Doc à Tunis, le festival dédié au cinéma documentaire, s’est déroulé du 20 au 24 avril 2016, à Tunis, fêtant ainsi sa 10e édition.
Par Fawz Ben Ali
Initiative de l’association Ness El-Fan, sous la houlette de sa directrice artistique Sihem Belkhoja, Doc à Tunis œuvre à promouvoir le documentaire comme genre indépendant en prise avec le réel, et ce, en offrant un libre accès aux différentes projections.
Malheureusement la culture documentaire demeure souvent méconnue et négligée par rapport au cinéma de fiction.
La nouveauté de cette année c’est la décentralisation de la manifestation, qui n’est plus désormais le privilège de la capitale. Afin d’agrandir les horizons du festival et faire profiter différentes autres régions du pays, Doc à Tunis s’est tenu pour la première fois cette année à Bizerte, à Sidi Bouzid et à Kairouan.
Sihem Belkhoja en maîtresse de cérémonie.
Le festival était également l’occasion de rendre hommage à une figure emblématique du cinéma tunisien : Jilani Goubantini, exploitant de plusieurs salles à Tunis, décédé il y a un mois. «Il fut le père du cinéma tunisien», nous a dit Sihem Belkhoja, avec beaucoup d’émotion, lors de la soirée d’ouverture.
Un autre hommage a été rendu à l’ancienne directrice d’Euro-Doc : Anne-Marie Luccioni, décédée le 4 ce de mois, et qui avait énormément aidé l’association Ness el Fan et Doc à Tunis, notamment à obtenir le droit de diffusion de beaucoup de films étrangers.
Dans l’optique d’allier la diffusion à l’activité, le festival a organisé, parallèlement aux projections, des master-class assurés par trois réalisateurs tunisiens : Nouri Bouzid, Nidhal Chatta et Amine Boukhriss, afin qu’ils partagent leurs expériences et savoir-faire avec les jeunes cinéastes et cinéphiles.
Cette année encore, Sihem Belkhouja ainsi que toute son équipe, ont travaillé d’arrache-pied pour concocter le meilleur des films documentaires tunisiens et étrangers, à travers une sélection exquise de 20 films qui traitent d’une variété de sujets, entre actualité tunisienne et des thèmes plus universels.
L’équipe du film « Protectorat ».
Parmi les productions tunisiennes, on a visionné ‘‘Departure » d’Adnen Chaouachi, un retour sur l’été 2013, marqué par l’assassinat du député du Front-populaire Mohamed Brahmi et le sit-in du Bardo, qui aboutira au dialogue national piloté par le Quartet (UGTT, Utica, LTDH et Conseil de l’ordre des avocats tunisiens) et à la chute du gouvernement conduit par l’islamiste Ali Larayedh. «Un documentaire contre l’oubli», nous dit le réalisateur.
Un autre documentaire tunisien nous a été proposé : ‘‘Le visage de dieu », où le jeune cinéaste Bahram Aloui revisite son passé dans un petit village du nord-ouest de la Tunisie, au milieu des années 80.
La soirée de clôture fut consacrée à une projection en avant-première du film tunisien »Protectorat » de Tarek Ibrahim, qui propose une relecture d’une partie importante de notre histoire revue et mise à jour après la révolution de 2011.
Nouri Bouzid dirige une master-class.
Le festival, qui reste très ouvert sur le monde, nous a offert un panorama des dernières productions étrangères, avec des films récemment primés dans les festivals les plus prestigieux du monde, à l’instar du film français »Fatima » de Philippe Faucon, triplement primé à Cannes, ou encore le film italien »Fuocoammare » de Gianfranco Rosi, sur le drame de l’émigration, Ours d’Or à la Berlinale 2016. Sihem Belkhoja a eu beaucoup de mal à obtenir le droit de diffusion du film, qui a été finalement projeté pour la première fois en Afrique, lors de la soirée d’ouverture.
Doc à Tunis nous a transportés, le temps de quatre journées, dans un voyage riche en découvertes vers la planète Doc. Les nouvelles destinations seront Tunis Capitale de la Dance (du 27 avril au 01 mai), et Al-Kalimat (du 28 au 1er mai), organisés pareillement par Ness el Fan.
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