L’auteure, médecin à l’hôpital de Bir Ali Ben Khalifa, raconte l’agression physique dont elle a été victime dans l’exercice de sa fonction… de la part d’un patient.
Par Dr Imen Bahloul *
Je porte à votre connaissance cette grave agression physique dont j’ai été victime lors de l’exercice de ma fonction comme médecin.
Ces agressions qui sont devenues de véritables fléaux touchant le corps médical, mais il est rare que les médias en parlent.
L’incident s’est produit à la consultation externe où il y avait 4 bureaux (un bureau pour chaque médecin), qui gèrent quotidiennement entre 120 et 200 patients.
Le vendredi 6 mai 2016, vers 11h30, j’étais en train d’examiner le dernier patient (la dernière fiche médicale que j’avais sur le bureau) lorsqu’un jeune homme s’est introduit dans le bureau sans demander la permission, portant personnellement sa fiche médicale (chose que je n’ai jamais vue ailleurs, sauf à Bir Ali, le patient tenant sa propre fiche médicale et parfois même l’emportant avec lui à la maison), et me demandant de l’examiner. J’étais en colère contre la manière avec laquelle il s’est présenté. Il s’est mis alors à dire des paroles humiliantes puis il a claqué la porte. J’ai donné au patient que j’étais en train d’examiner son ordonnance et j’’ai quitté le bureau, me dirigeant vers la chambre des médecins où je me suis mis à discuter avec mes collègues à propos de la désorganisation à la consultation externe.
Entre-temps, deux de nos collègues sont retournés à la consultation pour continuer l’examen des quelques patients restants, y compris ce monsieur, auteur de l’agression.
Vingt minutes plus tard, alors que j’étais de passage entre le service des urgences et celui des consultations, je me suis trouvée par hasard face-à-face avec mon agresseur. Comme personne ne s’y trouvait avec moi à cet instant là, j’ai fait des pas en arrière, mais il a continué à avancer vers moi. J’ai voulu crier et demander de l’aide, mais j’ai oublié les noms des agents. Soudain, j’ai senti comme si un bloc de béton était tombé sur ma tête. Mon oreille gauche était assourdie. Il m’avait administré une terrible gifle. J’ai essayé de me défendre; je l’ai poussé avec les mains; il m’a donné un coup de pied sur la cuisse, laissant une ecchymose de 5 cm de diamètre.
Le lendemain, au poste de police, lorsqu’ils l’ont interrogé, il a affirmé qu’il m’a agressée parce qu’il a senti qu’il a été humilié par une «femme» et qu’il a été encore en colère parce qu’il n’a pas trouvé de médicaments dans la pharmacie de l’hôpital.
* Médecin de la santé publique.
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