Mardi 10 mai 2016, les nidaïstes Fadhel Ben Omrane, député, et Saïd Aïdi, ministre de la Santé, se sont pris aux cheveux.
Sur les ondes de Mosaïque FM, le député de Nidaa Tounes et ancien président du groupe parlementaire du parti à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a reproché au ministre son «incompétence»: «Il n’a réalisé aucun progrès; il ne contrôle pas son ministère. Au contraire, depuis la prise de ses fonctions à la tête de ce département, les erreurs se sont multipliées», a-t-il notamment déclaré. Des amabilités qui, entre membres d’un même parti, sont pour le moins surprenantes.
Répondant à cette attaque sur la chaîne El-Hiwar Ettounsi, M. Aïdi a tout d’abord reconnu au député «le droit d’exprimer ses points de vue en toute liberté et de critiquer, comme il l’entend, le travail du gouvernement. En faisant cela, il est tout à fait dans son rôle de représentant du peuple et je n’ai aucun reproche à lui faire là-dessus.»
Cependant, «puisqu’il parle de Tataouine et de mortalité maternelle dans sa circonscription, je lui demande de bien lire les chiffres qui indiquent qu’il y a eu baisse des décès en cours d’accouchement. Certes, il y a encore des morts pendant l’accouchement, et nous en sommes désolés, mais il y a eu, en 2015, des progrès sur ce chapitre. Les statistiques le démontrent et personne ne peut mettre en doute cette amélioration. Nous nous sommes fixés comme objectif de ramener ce taux de mortalité en-dessous de la barre de 20 décès maternels pour 100.000 accouchements», a ajouté le ministre.
Sans trop se départir de son calme habituel et de sa posture diplomatique, Saïd Aïdi a également révélé qu’il n’a eu, en tant que ministre de la Santé, qu’une seule rencontre avec le parlementaire «nidaïste» et qu’à cette occasion, celui-ci lui a demandé de «nommer quelqu’un à une fonction», sans donner d’autre précision.
«J’ai refusé de déroger à ma règle de conduite. J’ai expliqué à ‘Si’ Fadhel Ben Omrane qu’il n’est pas dans mes habitudes d’accorder pareil traitement de faveur et que cela ne sera jamais le cas», a répondu le ministre.
Ce serait là, devrions-nous comprendre, l’explication de cette «hargne» avec laquelle M. Ben Omrane a fustigé M. Aïdi, qui a suggéré une autre voie: «Il est possible aussi que cet homme traverse une période difficile», faisant ici allusion aux nombreuses démêlées que le membre nidaïste de l’ARP a eu ces derniers temps et notamment sa démission de la présidence du bloc parlementaire de son parti.
Quoi qu’il en soit, cet étripage public ne grandit pas les deux hommes aux yeux des Tunisiens et aggrave encore l’image de foire d’empoigne que donne désormais leur parti.
Marwan Chahla
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