La dernière pièce de Leila Toubel ‘‘Solwen’’ a eu un vif succès à la 2e édition du Printemps culturel tunisien à Paris.
Par Hédi Chenchabi, correspondance spéciale.
Dimanche 22 mai, à l’Espace Pajol, une salle de théâtre située dans le 18e arrondissement de Paris, un quartier de l’immigration maghrébine, Leila Toubel a présenté sa pièce ‘‘Solwen’’, qui a été chaleureusement accueillie par un public essentiellement composé de Tunisien(ne)s résidents en France et d’ami(e)s de la Tunisie.
Ces derniers, qui furent longtemps mobilisés contre la dictature Ben Ali et, après la révolution de janvier 2011, pour le renforcement de la démocratie en Tunisie, ont retrouvé dans la dernière création de l’auteure et comédienne un écho de leurs propres interrogations et préoccupations.
Par la qualité de sa prestation, Leila Toubel a rappelé aux spectateurs présents leurs illusions et désillusions, leurs luttes, espoirs et déceptions, dans un pays attaché à ses acquis et qui n’hésite pas à afficher sa différence. Elle a évoqué la montée de l’obscurantisme et les mobilisations populaires pour la défense des acquis sociaux et, notamment, des droits des femmes. Avec son jeu d’acteur impressionnant de force et de justesse, elle a aussi évoqué, avec humour et ironie, les petits calculs, les hypocrisies, le retour des vieilles habitudes et l’avènement sur la scène nationale de nouveaux acteurs assoiffés de pouvoir et de prébendes. Elle a aussi dénoncé la montée de la corruption dans une société ouverte au monde et qui rêve de démocratie et de bonne gouvernance après un demi-siècle de dictature féroce.
Leila Toubel a tenu en haleine les Tunisiens d’Ile-de-France pendant 90 minutes avec un récit qui ne craint pas de choquer, de déranger et de brouiller les certitudes, dans le but de réveiller les consciences.
Leila Toubel prend une photo souvenir après le spectacle au milieu de son public.
Dans un contexte morose, marqué par la montée du terrorisme, la crise économique et la désespérance sociale, l’auteure comédienne a cependant lancé un message d’espoir, en défendant becs et ongles, et c’est le cas de le dire, et avec une rage toute contagieuse, la femme tunisienne dans ce qu’elle a de plus admirable : sa force de caractère, son attachement à sa liberté et son amour pour son pays. Une femme tunisienne battante, vaillante et toujours debout, comme Leila Toubel elle-même, dont on connaît les coups de gueule, les engagements et les combats.
Artiste jusqu’au bout des ongles, Leila Toubel a donné avec ‘‘Solwen’’, pièce exceptionnelle bien servie par la qualité du sur-titrage en français, une nouvelle démonstration de son talent d’interprète sublime. Le public de Tunisiens de France, de tous âges, a beaucoup apprécié cette œuvre sobre mais profonde, alternant humour et poésie, cris et silences et joies et désespoirs, portée par une comédienne au sommet de son art et qui a su se dépenser sur scène, physiquement et mentalement, sans compter, jusqu’à l’épuisement. Sa sincérité et sa passion pour son art, pour son pays, pour son peuple n’ont pas laissé indifférent.
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