Une jeune-fille a été empêchée, hier, de voyager à Belgrade, sans raison apparente et sans explication. Elle appelle les autorités à intervenir.
Rihab, 26 ans, coordinatrice commerciale dans une société privée, devait partir en vacances à Belgrade, mais un agent de la direction des frontières et des étrangers de l’aéroport de Tunis-Carthage, l’en a empêchée, sans apporter d’explications.
La jeune fille revient sur sa mésaventure et confie à Kapitalis ce qu’elle a qualifié d’«injustice et de misogynie».
Rihab voulait juste s’aérer l’esprit et partir quelques jours en vacances. Elle a préparé tous les papiers qui lui permettrait de voyager, notamment son contrat de travail prouvant qu’elle est titulaire, son titre de congé et la fameuse autorisation parentale lui permettant de quitter le territoire national, puisqu’elle âgée de moins de 35 ans et qu’une mesure exceptionnelle pour lutter contre le départ des jeunes pour le jihad en Syrie exige cette autorisation. Mais bien qu’elle ait présenté tous les papiers aux agents, on lui a demandé d’attendre avant de rejoindre l’avion.
«Je n’étais pas la seule à attendre, cependant, les hommes repartaient et moi non. Un agent était particulièrement agressif et se déplorait qu’on laisse des jeunes filles partir seules», raconte Rihab. Et d’ajouter : «Il me demandait pourquoi j’allais à Belgrade et si j’avais de l’argent pour voyager pourquoi ne partirais-je pas pour la France. Il m’interrogeait aussi sur mon look, et relevait que je m’étais teint les cheveux pour l’occasion».
Selon Rihab, l’agent marmonnait que les parents font preuve de laxisme en laissant leurs filles partir seules en voyage, ajoutant que si on laisse les femmes se promener librement, ce n’est pas pour leur permettre de voyager seules.
«Un autre agent a vu ma détresse et il s’est montré fort aimable. Il a même dit à son collègue que rien ne m’empêchait de partir et que mes papiers étaient en règle. Il essayait de me rassurer et étaient même avenant, mais son collègue était visiblement décidé à m’interdire de voyager», poursuit, Rihab.
Et c’est ce qui s’est produit. Rihab n’a pas pu accéder à l’avion qui a décollé sans elle. L’agent lui a rendu son passeport en lui demandant de quitter la salle.
«Je n’arrive pas à y croire. Je suis très humiliée et surtout en colère. Je suis une femme et parce que je suis une femme, je ne dois pas voyager seule, du moins c’est ce que j’ai compris par l’attitude de l‘agent. Je vis dans un pays qui dit prôner l’égalité des sexes, mais nous vivons dans une société misogyne et l’on continue encore à voir la femme différemment au lieu de la considérer comme un être humain à part entière», a déploré Rihab, qui a précisé qu’elle a contacté son avocat et qu’elle saisira la justice.
Y. N.
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