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Aveux de Mohamed El-Gharbi, planificateur de l’attaque de Ben Guerdane

Mohamed-El-Gharbi

En détention dans la prison de Miîtiga, en Libye, le Tunisien Mohamed El-Gharbi est l’un des planificateurs de l’attaque de Ben Guerdane.

Dans une vidéo diffusée, hier soir, par la chaîne de télévision libyenne ‘‘Al-An’’, Mohamed Ben Mohsen El-Gharbi a raconté, calmement, comment il s’était engagé avec l’organisation terroriste de l’Etat islamique (Daech) et son implication dans les préparatifs de l’attaque terroriste de Ben Guerdane, ville frontalière avec la Libye, début mars.

Ce jihadiste convaincu, qui n’a, à aucun moment, exprimé de regret d’avoir rejoint Daech, a payé la somme de 600 DT à un contrebandier qui l’a aidé à traverser, clandestinement, les frontières tunisiennes avec la Libye. Son objectif était d’aller combattre aux côtés de Daech en Syrie. Mais une fois en Libye, les données ont changé.

«Pour passer les frontières, il n’y a pas plus facile. Il y a toujours un véhicule de louage ou une voiture privée qui vous rend service. Le contrebandier à bord d’une BMW auquel j’ai eu affaire a demandé 600 dinars. J’ai payé. Il y avait avec moi 2 autres, qui ont payé eux aussi, chacun, la même somme. Une fois en Libye, nous avons trouvé une Toyota 24 qui nous attendait. Au départ, je ne voulais pas rester en Libye. Mon objectif était d’aller à El-Cham (Syrie, Ndlr) et ne pas être un simple apprenti», raconte le jihadiste. Son ambition était de rejoindre les rangs de Daech en Syrie.

«On nous a conduits à Sabratha, puis à Syrte, où j’ai été malmené en faisant de petites tâches imposées par les chefs de Daech, qui nous regardaient d’en haut, comme si on était leurs employés. Mais il n’était plus possible d’échapper à leur emprise, d’autant qu’on nous a dit que le moment était venu pour prendre le contrôle de l’Afrique du Nord et qu’il était de notre devoir de nous investir dans cette mission. Ils nous ont fait comprendre aussi qu’il n’était plus question d’expédier des jihadistes en Syrie et que nous allions nous déployer en Libye et dans les pays voisins», poursuit Mohamed El-Gharbi, alias Abou Zid.

C’est à partir de ce moment-là que l’apprenti terroriste a commencé sa mission en collectant de l’argent «en prenant des otages et en exigeant des rançons pour leur libération». «Nous avons gagné beaucoup d’argent. Ce qui nous a permis d’aller à Sabratha, où on peut acheter à volonté et facilement des armes de tout genre. Nous avons aussi recruté des jeunes, en grande majorité des Tunisiens», a encore raconté le jihadiste, en ajoutant qu’au début de l’année en cours, le moment était venu pour mettre à exécution le plan pour prendre le contrôle de la Tunisie.

«On m’a demandé si j’étais partant. J’ai tout de suite dit oui et sauté sur l’occasion pour me rendre utile. Au départ, j’ai cru qu’il s’agissait d’une petite action. Mais lorsque j’ai vu le nombre d’engagés, qui s’est élevé à 200 jeunes, les armes lourdes et les voitures piégées, j’ai compris qu’il s’agissait d’une vraie ‘‘ghazwa’’ (conquête, Ndlr). Notre cible était Tataouine, Médenine et Ben Guerdane», a-t-il enchaîné.

 

Abou Zid a été arrêté en Libye après le raid américain à Sabratha, le 19 février dernier, mais plusieurs membres de son groupe avaient déjà réussi à «s’infiltrer en Tunisie», a-t-il ajouté.

Selon Jamel Laaribi, le journaliste qui l’a interviewé, Mohamed El-Gharbi ne regrette rien et est plus que jamais convaincu de la justesse de son engagement, contrairement à plusieurs autres de ses camarades qui ont exprimé des remords.

Selon les dires du journaliste, le jihadiste a été arrêté par les «forces de dissuasion» relevant des milices islamistes de Fajr Libya.

«Les autorités de Tripoli nous ont aidés à aller à la rencontre de plusieurs prisonniers tunisiens, dont 5 femmes. Ils disent tous que c’est la pauvreté, le manque de connaissance de la religion et le plaisir d’aller vers l’inconnu et l’aventure qui les ont poussés à rejoindre les rangs de Daech. Mais une fois sur place, ils ont découvert qu’ils étaient tombés entre les griffes de gens sans cœur qui n’ont rien à voir avec la religion et qu’il leur était impossible de prendre la fuite», raconte le journaliste libyen, qui ne précise pas la date exacte de l’enregistrement de l’entretien.

Z. A.

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