L’hôtel Paradis à Hammamet enregistre près de 10% de taux d’occupation.
A Hammamet, Nabeul et Sousse, la crise du tourisme se fait durement ressentir. On se félicite d l’afflux des Russes et on espère un rush des Algériens après ramadan.
Par Anouar Hnaine
Un an presque jour pour jour après l’attentat de Sousse qui a mis le tourisme à terre, l’Office national du tourisme tunisien (ONTT) a organisé une opération séduction pour montrer aux journalistes invités l’état du secteur à la veille de la haute saison. Terrain de la visite «dirigée» : les établissements de la région de Nabeul, Sousse et Monastir, et en bonus l’aéroport Enfidha-Hammamet.
Plage vide dans quelques hôtels.
Une course d’une unité à une autre commence sous la chaleur du mois de juin et suivant un programme peu soigné, changeant au gré des organisateurs. Mais à part quelques ratés incompréhensibles comme «l’excursion-découverte» par une chaleur écrasante d’un atelier quelconque de confection d’objets en cuir à Dar Châabane El-Fehri ou la visite inutile au marché de Nabeul, l’initiative donne un aperçu, fut-il de circonstance, sur la reprise attendue du secteur.
Les Russes font le beau temps
Les Russes sont en haut de l’affiche, vedette de la saison, et là où nous étions, ils occupent la première place en nombre. Il faut signaler que la rupture diplomatique entre la Russie et la Turquie a joué en notre faveur, la côte tunisienne a remplacé la région d’Antalya en termes d’attraction. A ce titre, les autorités et les professionnels devraient mettre les bouchées doubles pour renforcer ce marché aux caractéristiques encore floues.
Atelier de confection de cuir à Dar Chaabane El-Fehri: une visite de trop…
A Hammamet, Ezzedine Grami, commissaire au tourisme de la région, trace le schéma de la situation, ni optimiste ni pessimiste : «Nous espérons sauver la saison avec les Algériens et les nationaux, les Russes sont ‘‘acquis’’ et les deux rotations par semaine de Tunisair sur Moscou vont encourager et augmenter substantiellement les arrivées», indique-t il, en nous livrant les chiffres disponibles. Capacité d’accueil 26.106 lits (en 2015, 29.284), taux d’occupation au 20 juin 13,8%. Arrivées du 1er janvier au 20 juin : 200.304 soit une baisse de 17,5% par rapport à 2015 et une baisse de 38,8 % des nuitées. Les Russes sont en tête du peloton, cela va de soi.
Quelques unités affichent un taux d’occupation qui dépasse les 70% (Holiday village El Manar), d’autres atteignent à peine 10% (Khayem Garden, Le Paradis, etc.). La clientèle est majoritairement russe et vit hélas en cercle clos, en all inclusive.
L’hôtel Magic Life à Monastir affiche complet.
Les directeurs des unités visitées portent des avis partagés sur le marché russe : «Un marché à exploiter, des clients aimables et en constante augmentation», affirme Haykel Akrout, directeur général de Khayem Garden à Nabeul. Les prix pratiqués? «Croyez-moi, je ne brade pas mes prix et je suis contre cette pratique», assure-t-il. Châabane Bassani, directeur général de l’hôtel Paradis Hammamet, est tout à fait d’un autre avis : «Les tour-opérateurs (TO) russes à eux seuls ne sauvent pas la saison. De plus, ils vendent à des prix très bas que je n’accepterais jamais…».
Les Russes en séance de gym.
Reprise réelle ou feu de paille ?
Foued El Oued, délégué régional du Tourisme à Sousse, nous livre les chiffres et indique que le nombre de touristes russes a atteint cette année 23.507, soit une augmentation de 235% par rapport à la même période de l’année dernière. Le nombre total d’arrivées depuis janvier a atteint 238.858 touristes. La marché britannique a accusé une forte baisse (forcément après l’attentat terroriste du 26 juin 2015, à l’hôtel Impérial Marhaba, qui a causé la mort de 38 touristes dont 30 britannique) de 98%. Le marché allemand a régressé, lui aussi, de 78%, mais «nous restons optimiste et espérons une reprise, lente mais sensible», affirme M. El Oued.
Arrivée de Stuttgart à l’aéroport Enfidha-Hammamet.
Les Russes, encore les Russes… Ils sont plus de 8.000 sur 9.400 touristes dans la région de Monastir, l’une des touristes «pêchée» par un animateur à l’hôtel Magic Life qui affiche complet, déclare (sans surprise) : «Pour nous Russes, la Tunisie est un rêve, le Sahara, le soleil, la mer… la sécurité ? Oui je me sens en sécurité…».
A l’aéroport Enfidha-Hammamet est tristement vide. A la sortie de l’avion venant de Stuttgart, une famille allemande se soumet aux rituelles questions : «Oui, on se sent en sécurité, c’est notre 8e séjour dans le pays…», répondent en concert le père et la mère.
Brachmann, une famille allemande fidèle à la Tunisie où elle séjourne pour la 8e fois.
Les hôteliers, toutes catégories confondues, attendent la fin de ramadan, dans une dizaine de jours, pour accueillir nos voisins algériens sur lesquels administration et professionnels misent fort pour charger les esprits par… ce qui reste d’optimisme.
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