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Mehdi Jomaa : «Quatre conseils pour bien gérer une crise»

Mehdi-Jomaa-IMD-Suisse

L’ancien chef du gouvernement provisoire Mehdi Jomaa, parle de l’importance des compétences managériales lors d’une crise politique.

Prenant parole à l’IMD, basée à Lausanne, en Suisse, l’une des business schools les plus prestigieuses au monde, reconnue dans la formation de haut niveau destinée aux cadres dirigeants, Mehdi Jomaa a déclaré que son expérience en tant qu’ancien dirigeant d’entreprise l’a aidé à gérer la sortie d’une crise politique dans son pays. Au cours de son mandat d’un an, de janvier 2014 à février 2015, sa mission consistait à ramener la stabilité et à préparer les élections législatives et présidentielles, a précisé M. Jomaa. Pour cette tâche, il a déclaré que son expérience internationale dans le management, en particulier les compétences nécessaires en situation de crise, lui avaient servi alors qu’il était au gouvernement.

«La Tunisie est une véritable ‘‘start-up’’ de la démocratie», a déclaré M. Jomaa. Et d’ajouter: «Nous sommes dans une phase décisive. Il n’y aura pas de progression linéaire, mais l’ambition de construire est réelle. Ce qui nous donne aujourd’hui l’orientation à suivre sont nos concitoyens et leur conviction que le pays peut réussir.»

En tant qu’invité d’honneur, tout comme Kofi Annan (ancien secrétaire général des Nations Unies), M. Jomaa a donné aux 450 business leaders du monde entier venus participer au programme de leadership «Orchestrating Winning Performance» quatre conseils pour faire face aux nouveaux défis.

Trouver de nouvelles personnes

M. Jomaa a indiqué qu’il est important d’être idéologiquement neutre. Il n’a appartenu à aucun parti politique en Tunisie et a exigé la même neutralité des membres de son gouvernement. Il ne connaissait auparavant aucun des ministres qu’il a choisis.

«Lors du choix des membres de l’équipe gouvernementale, il est important de sortir du contexte des amis et de la famille et de trouver des personnes différentes qui sont de vrais patriotes, expertes dans leur domaine, intègres, et qui n’ont pas d’ego», a expliqué l’ex-Premier ministre.

Faire confiance et déléguer

M. Jomaa a déclaré qu’il responsabilisait les membres de son équipe en leur montrant qu’il était sûr qu’ils réussiraient. «La confiance est un moteur très puissant. Autrement, vous ne pouvez pas leur demander de faire des sacrifices ou faire preuve de patience», a-t-il dit. Un feedback positif et une certaine reconnaissance sont des facteurs qui incitent les gens à s’impliquer et à se mettre en action. «Le véritable leadership consiste à aider les gens à se défaire de leur peur du changement», a-t-il précisé à ce propos.

S’adapter à la situation

Il vaut mieux garder son style de gouvernance, comprendre son environnement et s’y adapter avant d’introduire des changements radicaux. «Pour améliorer la performance, il est important de voir et comprendre la nouvelle ambiance», explique M. Jomaa, qui estime que son gouvernement a réussi à passer de nombreuses réformes et a préparé la base pour d’autres, dont il a laissé le soin au gouvernement élu de les mettre en œuvre.

Garder une perspective pour l’avenir

M. Jomaa a expliqué que peu de choses se concrétisent pendant la période d’incubation. «Ne vous impatientez pas, même lorsque vous trouvez que rien ne se passe», a-t-il déclaré, ajoutant que, pendant les périodes de transition, il faut garder un niveau de motivation élevé en rappelant aux membres de l’équipe les attentes et en reconnaissant continuellement la valeur de leur travail. «Vous devez croire en l’avenir et si vous y croyez, vous devez absolument le montrer pour que les autres y croient également», a-t-il souligné.

Après son mandat d’un an en tant que Premier ministre, M. Jomaa a dit regretter que le nouveau gouvernement n’ait pas encore pu réaliser certains des objectifs que son équipe avait fixés, en particulier dans le domaine économique. Néanmoins, il exprime sa confiance en l’avenir. «C’est aujourd’hui qu’il faut investir en Tunisie, pas plus tard», a déclaré M. Jomaa. Et d’ajouter : «Avec un haut niveau d’éducation, y compris des femmes, un état laïc et une armée républicaine, le temps est désormais venu pour un vote de confiance. Investir en Tunisie aujourd’hui permet de donner un bon départ à la démocratie.»

Par ailleurs, M. Jomaa a dit que la jeunesse – les moins de 25 ans qui représentent 40% de la population – sera la clé du développement en Tunisie. «Ce sont les jeunes en quête d’opportunités qui ont fait la révolution», a-t-il déclaré. «On leur a donné un nouvel espoir et un esprit patriotique. Nous devons maintenant tenir notre promesse en nous consacrant à l’organisation et à la productivité afin de pouvoir façonner un avenir qui concerne tout le monde et, en particulier, les jeunes», a-t-il conclu.

Source : IMD.

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