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Les militaires turcs ont raté leur putsch sur le plan de la Com’

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Erdogan s’adresse aux Turcs à travers un smartphone.

Les militaires putschistes turcs ont raté leur coup d’Etat sur le plan de la communication qu’ils ont très mal gérée de bout en bout.

Par Samir Messali

Les innombrables putschs militaires en Afrique ou en Amérique latine dans les années 1960 -1980 commençaient la plupart du temps par le contrôle de la résidence du chef de l’État et de la maison de la radio et de la télévision. La réussite du putsch dépendait principalement du contrôle de l’information. Il fallait empêcher coûte-que-coûte le chef d’Etat en poste et ses partisans de communiquer. C’était relativement facile à cette époque puisqu’il y avait souvent un seul bâtiment abritant la radio et la télévision nationales.

Les médias au coeur de la bataille

Le putsch avorté hier en Turquie nous laisse perplexe. Comment les putschistes ont-ils pu croire qu’ils pouvaient contrôler l’information dans un pays grand comme la Turquie en contrôlant simplement la télévision nationale et quelques médias supposés proches d’Erdogan?

Al-Jazeera, qui n’a jamais fait mystère de son alignement sur le pouvoir islamiste à Ankara, diffusait, hier soir, en direct, à partir de la place Takssim, à Istanbul, les rapports de son correspondant, rendant ainsi un immense service aux pro-Erdogan en leur montrant avec précision les positions des forces armées d’un côté et celles des forces de police de l’autre. Le journaliste insistait, d’ailleurs, lourdement sur le faible nombre des militaires et la forte présence des forces de police prêtes à entrer en confrontation avec l’armée.

Peu de temps après, c’est Erdogan, libre de ses mouvements, qui s’adressait à ses partisans et au peuple turc, via le réseau Skype, et à travers un simple smartphone, affirmant que la tentative de coup d’Etat est l’oeuvre d’une petite faction de l’armée et les exhortant, avec une voix ferme et assurée, à descendre dans les rues pour faire barrage aux putschistes et sauver la démocratie. Il ne fallait pas plus pour convaincre les plus hésitants que le coup d’Etat est loin d’avoir atteint son but et que la situation était indécise et pouvait être rapidement renversée au profit du régime en place.

La naïveté avec laquelle les putschistes ont géré l’aspect communication de leur opération, notamment en laissant les mains libres aux médias étrangers, comme la CNN turque et Al-Jazeera, a permis à leurs adversaires de réagir rapidement et de laisser planer un doute sur leur sérieux et leur capacité à mener à terme leur action. La suite on la connait…

Les putschs à l’ère du numérique

A ce propos, une conclusion s’impose : il n’est plus possible, de nos jours, de monter des coups d’État militaires dans un pays, comme la Turquie, qui s’est doté de dizaines de chaînes de télévision et de stations radio et où la majorité de la population a accès à internet, réseau tentaculaire qui peut transformer chaque smartphone en une chaîne de télévision transmettant les informations en live, comme ce fut d’ailleurs le cas hier soir.

Autre conclusion : le temps des coups d’État à l’Africaine est révolu. Celui qui voudrait renverser un régime doit désormais sinon contrôler Internet du moins avoir une certaine influence sur la Toile en général et sur les réseaux sociaux en particulier, qui sont ouverts au peuple et aux ennemis du peuple. De quelque partie que l’on se positionne, on doit considérer que les adversaires disposent des mêmes libertés pour communiquer et pour mobiliser leurs troupes.

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