Le Premier ministre Habib Essid, qui n’a pas obtenu, samedi soir, le renouvellement de la confiance pour son gouvernement, a cependant eu droit aux louanges.
C’est paradoxal, mais les péripéties qui ont précédé, préparé et entouré le vote de ce soir ont permis aux Tunisiens d’apprécier la loyauté d’un homme dont l’intégrité n’a d’égal que l’humilité et le dévouement aux intérêts supérieurs du pays.
Grand commis de l’Etat, Habib Essid, en poste depuis janvier 2015, n’a pas réalisé des miracles, mais, malgré la persistance des grands problèmes structurels (insécurité, chômage, déséquilibre régional, inflation, déséquilibre des finances publics…), la situation en Tunisie est meilleure, aujourd’hui, qu’elle ne l’était au moment où il avait pris ses destinées en main, notamment sur le plan de la lutte contre le terrorisme.
L’homme n’a pas également été aidé par un gouvernement dont les membres issus des partis de la coalition (Nidaa Tounes, Ennahdha, UPL et Afek Tounes) n’ont pas montré une grande solidarité. Certains se sont même permis de le critiquer publiquement, d’autres briguaient ouvertement son poste. Cette cacophonie n’était pas de nature à mettre un minimum de cohérence dans le travail gouvernemental.
Habib Essid a dû aussi à composer avec les pressions, les exigences et les marchandages des partis de la coalition, notamment en matière de nominations aux hautes responsabilités de l’Etat. Il ne s’en est pas plaint publiquement, cherchant à sauvegarder un semblant d’unité de l’Etat, mais il a su résister autant qu’il a pu aux pressions. Et cela, on l’imagine, n’a pas été du goût des partis qui l’ont nommé et qui, aujourd’hui, ont refusé de lui renouveler leur confiance.
Ces circonstances ont, finalement, grandi Habib Essid, au regard des Tunisiens, dont beaucoup regrettent désormais son départ programmé, et c’est la scène politique tunisienne qui sort laminée de cette épreuve, à commencer par le président de la république Béji Caïd Essebsi qui a malmené le Premier ministre et l’a même humilié.
Quand on sait que c’est Hafedh Caïd Essebsi, le fils du chef de l’Etat et le patron autoproclamé de Nidaa Tounes, qui a exigé la peau de Habib Essid parce que ce dernier a refusé de nommer ses hommes au ministère de l’Intérieur, on ne peut qu’admirer la dignité de ce grand commis de l’Etat et son refus de la complaisance et de la compromission.
On l’a accusé, un moment, de s’être mis au service d’Ennahdha. Or, la rapidité avec laquelle le parti islamiste a lâché le Premier ministre en dit long sur la réalité des relations entre Habib Essid et Rached Ghannouchi. Aujourd’hui, les dirigeants de ce parti exigent un nombre de sièges dans le prochain gouvernement équivalent à leur poids dans l’Assemblée. On vous souhaite bien du plaisir M. Caïd Essebsi! Au fait, quand allez-vous nous annoncer le nom du prochain chef du gouvernement ? Et quand ce gouvernement va-t-il commencer à travailler?
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