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Habiba Ghribi du paradis du succès à l’enfer de l’échec

Habiba-Ghribi-Rio-2016

Pour un athlète de haut niveau, la défaite est toujours très difficile à gérer. La championne tunisienne Habiba Ghribi vient d’en faire l’expérience à ses dépens.

Par Nadya B’Chir

L’athlète Habiba Ghribi est, avec le nageur Oussama Mellouli, depuis les Jeux Olympiques de Londres en 2012, l’icône du sport tunisien.

Cette athlète de haut niveau, spécialiste des 3000 m steeple, qui a hissé le drapeau national lors d’événements sportifs internationaux de haute facture, représente également le nouveau visage de la femme tunisienne qui réussit et dont les succès font la fierté de tous ses compatriotes.

Supporters inconditionnels et patriotes intransigeants

Habitués aux exploits sportifs de leur star, les Tunisiens étaient tous persuadés qu’elle allait triompher aux Jeux Olympiques de Rio. Mauvaise pioche ! Le verdict est sans appel : notre compétitrice nationale a non seulement perdu la finale des 3000 mètres steeple, courue lundi, mais elle s’est classée 12e et réalisé un temps très en-deçà de ses performances habituelles.

Décevant ! C’est en effet le mot qui a le plus été utilisé dans les conversations à propos de ce fâcheux résultat.

Des conversations qui ont opposé et divisé les Tunisiens en deux camps : ceux qui continuent à soutenir Habib Ghribi en dépit de tout et à lui trouver même des excuses pour sa défaite et ceux qui ne conçoivent pas qu’une sportive de son envergure puisse perdre et de cette manière si peu honorable.

C’est la énième polémique, et sans doute pas la dernière, suscitée par la déroute des sportifs tunisiens aux Jeux Olympiques à Rio: Habiba Ghribi mérite-t-elle le soutien des Tunisiens à la suite de son amère défaite?

Une grande partie du public tunisien n’a pas tourné sa langue deux fois avant de se prononcer en faveur de sa sportive préférée. Bien qu’elle ait perdu la course et qu’elle se soit classée 12e, cela n’enlève rien à ses qualités, à ses capacités, à sa rigueur et à ce sérieux dont elle a toujours fait montre et qui est caractéristique des sportifs de haut niveau. Et puis, dit-on, à juste titre, un sportif ne peut pas gagner à tous les coups; la perte faisant aussi partie du jeu et il faut avoir la sagesse de l’accepter quand elle survient.

Face à ces supporteurs inconditionnels, il y a les patriotes intransigeants, celles et ceux qui ne souffrent aucun compromis lorsqu’il s’agit de représenter la Tunisie et, en l’occurrence, de la part d’une athlète du calibre de Habiba Ghribi.

L’autre face de la médaille

L’athlète a eu donc droit aussi à une volée de bois vert voire à une campagne de dénigrement qui a atteint même sons statut de femme. Il y a même eu quelques chroniqueurs islamistes pour lui reprocher ses tenues légères, son short qui ne couvre pas ses jambes et ses cuisses. Ces derniers auraient peut-être souhaité la voir courir en hijab, ou ne pas courir du tout. Peut-être aurait-elle dû, pour honorer son statut de femme, rester à la maison, pour faire le manger, changer les couches du bébé et faire à manger à son barbu de mari!

Les plus futés parmi les détracteurs de Habiba Ghribi l’ont attaquée sur l’autre face de la médaille : le star-système, l’argent, les sponsors, les contrats publicitaires, les médias, les mondanités, etc., qui lui auraient, peut-être, fait perdre sa concentration de sportive de haut niveau.

Après la course, Habiba Ghribi s’est exprimée sur son compte personnel sur Facebook. Elle a évoqué une blessure qui a beaucoup retardé sa préparation et l’a empêchée de se donner à 100% lors de sa compétition.

Après coup, cet aveu tardif cela laisse pantois. Pourquoi a-t-elle caché cela au public et, surtout, aux responsables sportifs et aux sponsors, ses bailleurs de fonds? La mauvaise réaction des internautes semble avoir décidé l’athlète à supprimer son petit post.

Dure dure la vie d’athlète de haut niveau, surtout après une grosse défaite ! Le nageur Oussama Mellouli, champion olympique en titre, qui vient de terminer 12e, aujourd’hui, à l’épreuve des 10 Km nage en eau libre, à Rio, va devoir en faire, lui aussi, l’amère expérience.

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