La 52e édition du Festival International de Hammamet, qui s’est achevée samedi soir, en fanfare, a été, de l’avis de tous, une grande réussite.
Par Fawz Ben Ali
Avec une organisation impeccable et un programme éclectique alternant les grandes stars de la scène locale et internationale, le public a souvent répondu présent lors des 40 jours de festivités. La soirée de clôture, assurée par le musicien et compositeur serbo-croate issu de l’ancienne Yougoslavie, Goran Bregovic, qui se produisait pour la première fois en Tunisie, n’a pas dérogé à la règle.
La sève de toutes les musiques
Après 40 and de carrière, l’ambassadeur de la musique balkanique et gitane a fait le bonheur des spectateurs, accompagné de son Orchestre des Mariages et des Enterrements, avec lequel il a sillonné le monde depuis les années 90.
Une foule en ébullition et pas une place de libre au théâtre de plein air de Hammamet à l’entrée de la star tant attendue. Ponctuel, Goran Bregovic arrive à 22h et quelques minutes habillé comme à l’accoutumé de son costume blanc et prend place au milieu de la scène entouré de musiciens et de choristes délirants. A 66 ans, le grand Goran chante, joue de la guitare électrique et orchestre l’ensemble de sa fanfare.
Comme son nom le laisse deviner, l’Orchestre des Mariages et des Enterrements passe allègrement de la joie à la mélancolie, mais ce soir-là, on a eu surtout droit à la version festive.
Dès les premières notes, nous sommes embarqués dans l’univers déjanté de la musique balkanique traditionnelle épicée au folklore gitan et insufflée d’énergie rock et reggae. C’est d’ailleurs la marque de fabrique de cet artiste émérite qui s’amuse à mélanger des cultures et des couleurs musicales extrêmement différentes pour créer une musique qui respire la liberté et qui prend racine dans toutes les terres. Les compositions «bregoviciennes» parlent à tout le monde mais restent instinctivement reconnaissables parmi toutes grâce à l’empreinte unique de leur créateur.
Une grande fête gitane
Les rythmes endiablés s’enchaînent et on a du mal à rester en place avec l’exécution des titres phares de l’artiste qui nous a concocté un programme représentant le meilleur de sa carrière, notamment les bandes son des films qui avaient affirmé sa renommée de compositeur. Sa collaboration la plus réussie fût avec le cinéaste et musicien serbe Emir Kusturica (double palmes d’or au Festival de Cannes), et le programme de la soirée de Hammamet en était largement tiré avec des titres comme ‘‘Ederlezi’’ (Le temps des gitans), ‘‘In a death car’’ (Arizona Dream), ‘‘Ausencia’’ (Underground) dédié à la mémoire de la diva capverdienne Césaria Evora qui l’avait accompagné sur ce morceau en 1995.
Ce soir là, on a aussi beaucoup dansé, chanté et claqué des mains sur ‘‘Alkohol’’, ‘‘Marushka », ‘‘Presidente’’ ou encore une reprise syncopée du célèbre chant de révolte italien ‘‘Bella Ciao’’.
Le temps de deux heures et demie, on se serait cru à une grande fête gitane, car la soirée fût explosive avec un Goran Bregovic qui nous a mis plein les yeux et qui s’est surtout avéré d’un charisme et d’une générosité incomparables.
En défendant une musique alternative et authentique et en offrant à son public des moments de grands spectacles, le Festival international de Hammamet a mis la barre très haut cette année. Pourvu que ça continue pour les prochaines éditions.
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