Pour le gouvernement Youssef Chahed, le principal défi est d’ordre économique. Il s’agit de remettre la Tunisie au travail, de relancer la croissance et de rétablir les équilibres des finances publiques.
Par Wajdi Msaed
Le gouvernement d’union nationale présidé par Youssef Chahed qui va sans doute bénéficier, dans quelques heures, de la confiance de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) réunie aujourd’hui en session plénière exceptionnelle, doit se mettre au travail sans trop tarder et s’atteler à faire face aux énormes défis qui l’attendent en vue de remettre les Tunisiens au travail, permettre à l’économie du pays de se relever et aux indicateurs, qui se sont presque tous au rouge, de s’améliorer.
Le constat alarmant fait par deux experts en matières économique et de financière doit interpeller l’ensemble de la communauté nationale en vue d’une mobilisation générale derrière la nouvelle équipe gouvernementale, malgré les réserves formulées à l’encontre de quelques uns de ses membres. Le but est d’inviter les différents départements à relancer, dans une ambiance de cohésion et de solidarité, l’effort de reconstruction nationale, en mettant d’abord les jalons d’une croissance économique pérenne, qui a fait défaut au pays au cours des 5 dernières années.
Hakim Ben Hammouda, ex-ministre de l’Economie et des Finances dans le gouvernement Mehdi Jomaa (2014), estime que «le redressement de l’économie tunisienne passe inévitablement par une meilleure croissance qui permettra à l’État d’avoir de meilleurs revenus».
S’exprimant mardi sur Mosaïque FM, M. Ben Hammouda a précisé que la croissance, qui est la condition sine qua non pour la création d’emplois, n’a pu atteindre, au cours des dernières années, 2%, un taux qui ne permet pas au pays de juguler le fléau du chômage, qui touche plus de 15% de la population active et plus de 40% des jeunes diplômés.
Abordant le volet des finances publiques et de l’investissement, l’ancien ministre a affirmé que «le paiement de la dette va mettre la finance publique dans une situation chaotique en 2017». Aussi est-il urgent de promulguer le nouveau code d’investissement, «à l’heure où plusieurs investisseurs étrangers sont en attente». «Une meilleure situation sécuritaire est nécessaire pour améliorer le climat des affaires et drainer des investissements directs étrangers (IDE), générateurs de richesses et d’emplois», a-t-il insisté.
L’urgence de la mise en route des réformes économiques préconisées dans le cadre des engagements de la Tunisie avec la communauté des bailleurs de fonds internationaux (FMI, Banque mondiale, Union européenne, etc.) n’est plus à démontrer au moment où les équilibres financiers du pays ne cessent de se dégrader, marqués, entre autres causes, par la dévaluation de la monnaie nationale, le dinar, par rapport au dollar américain et à l’euro, qui plus est, à des taux jamais atteints auparavant.
Pour remédier à cette situation, Nader Haddad, consultant en salle de marché, a appelé, mercredi, sur les ondes d’Express FM, à promulguer une loi interdisant d’effectuer des transactions commerciales en espèces pour un montant dépassant 1000 dinars, afin de réorienter les liquidités disponibles sur le marché parallèle vers le système bancaire. L’expert a souligné aussi la nécessité de réduire les transactions en billets de banque et de favoriser davantage celles par cartes et chèques bancaires.
Des mesures en ce sens pourraient aider dans la lutte contre le commerce parallèle et l’évasion fiscale, qui handicapent gravement l’économie tunisienne et empêchent sa relance sur des bases saines et pérennes, a expliqué Nader Haddad en rappelant que, dans certains pays européens, les transactions en billets ne dépassent pas 2% des transactions globales.
C’est avec des mesures de ce genre, qui plus est appliquées avec détermination et rigueur, que le gouvernement pourra mieux se renseigner sur l’origine de l’argent qui circule dans les circuits parallèles et d’en canaliser les flux de manière à mieux en faire profiter la communauté nationale par le biais des recettes fiscales.
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