Au lendemain de la clôture de l’opération «Plages propres», organisée par Total Tunisie, Matthieu Langeron revient sur cette action dédiée à la protection de l’environnement.
Propos recueillis par Zohra Abid
Kapitalis : Qu’est-ce qui a poussé votre société à organiser cette opération et pourquoi maintenant ?
Matthieu Langeron : La saison estivale est caractérisée par une forte concentration de vacanciers et de touristes sur les plages. C’est la raison qui a poussé Total Tunisie à organiser cette première opération «Plages Propres», qui a duré 20 jours, du 4 au 25 août courant.
L’objectif de Total Tunisie, qui est un grand acteur de l’énergie, est de s’engager le plus possible dans la préservation de l’environnement. Nous sommes tristes de voir l’état désagréable des plages tunisiennes, qui sont parmi les plus belles au monde. Aussi avons-nous décidé de contribuer à leur propreté afin qu’elles puissent mieux accueillir les touristes français, algériens et autres, qui visitent la Tunisie pendant la période estivale.
Nous n’avons pas la paternité de cette initiative, qui s’inscrit dans la stratégie touristique du pays, mais nous y avons contribué, avec d’autres acteurs.
Total Tunisie a mené des opérations de nettoyage dans une quinzaine de plages dans 7 gouvernorats, en collaboration avec les municipalités que je remercie au passage.
Cette opération a aussi un volet pédagogique de sensibilisation des citoyens. Et c’est important pour en assurer la continuité.
Comment les choses se sont passées sur le terrain?
On a procédé à la collecte des déchets en collaboration avec des associations, dont SOS Villages, mais aussi les mairies, qui ont mis leurs moyens à notre disposition.
Nous avons pu collecter 600m3 de déchets sur les 15 plages traitées, dont celles de Tabarka, Monastir, La Marsa, Nabeul et dans toute la région du Cap-Bon…
On a voulu sensibiliser les citoyens en démontrant qu’en quelques heures, il est possible de nettoyer une plage et de rendre le site à son état naturel initial. Quand on sait que la dégradation d’une couche-bébé, d’une canette ou d’une bouteille en plastique demande entre 400 à 500 ans, et pour un mégot de cigarette plusieurs années, on comprend mieux l’utilité d’une pareille opération.
Les ordures ramassées vont-elles être recyclées?
Nous travaillons déjà avec l’association Tunisie Recyclage, qui initie les habitants de la banlieue nord de Tunis au tri sélectif. Nous assurons le tri de plusieurs centaines de tonnes de papier qui sont recyclés grâce à Tunisie Recyclage. Je crois qu’il y a là un bon filon : l’industrie du recyclage a un grand avenir en Tunisie.
Pensez-vous lancer des campagnes dans les écoles pour sensibiliser les élèves à la protection de l’environnement?
Nous avons déjà un programme de sécurité routière qui se poursuivra dans les écoles. Total Tunisie participe à plusieurs actions citoyennes dans le milieu scolaire. L’an dernier, nous avons soutenu un programme qui a remis 1000 cartables à 1000 écoliers dans les régions frontalières avec l’Algérie.
A part l’environnement et l’éducation, y-a-t-il d’autres domaines où Total Tunisie est engagé?
Cet été, en plus de la campagne «Plages propres», Total Tunisie a sponsorisé les festivals de Carthage et d’Hammamet. Nous soutenons également, chaque année, les Rencontres chorégraphiques de Carthage (RCC, ou le Printemps de la danse). Nous nous sommes associés, par ailleurs, avec le Musée du Louvres et l’Institut national du patrimoine (INP) pour contribuer au rayonnement du Musée national du Bardo. Nous sommes engagés dans ce programme pour encore 3 ans. Et nous sommes satisfaits de ce petit coup de pouce à la culture.
N’oublierons pas le programme Startupper (un concours qui vise à identifier, primer et accompagner les meilleurs projets de création ou de développement d’entreprises de moins de deux ans en Tunisie, Ndlr). On est déjà à la phase d’accompagnement des projets primés lors de la première édition. Le prochain concours démarrera à la fin de 2017.
Et sur le plan industriel, quoi de neuf chez Total Tunisie?
Nous avons eu un été très actif en menant des opérations lourdes. Total Tunisie a racheté la société Sagaz, dont elle a gardé la totalité de son personnel, soit une soixantaine d’employés. Le GPL représente 12% des activités de Total Tunisie. Nous avons démarré la mise à niveau et la formation du centre de Sagaz, opération qui nous coûtera plusieurs millions de dinars, et nous espérons, grâce à cette acquisition, accroître notre part du marché du GPL. Il faut dire que la synergie commerciale commence déjà à donner ses fruits.
Le marché parallèle des carburants reste florissant. Cette concurrence déloyale nuit à tout le monde et, sans aucun doute, à Total. Que faites-vous pour y faire face?
Le marché parallèle des carburants reste important. Il représente entre 25 et 30% de la consommation tunisienne.
Les prix pratiqués par les contrebandiers défient toute concurrence et cela nous porte un grave préjudice. Alors que le prix d’un litre de carburant est fixé à 1,250 DT, les contrebandiers affichent des prix allant jusqu’à 0,600 DT. Et pour cause : ces gens ne payent ni taxes ni frais.
C’est là un problème très compliqué pour les gérants des stations services. Nous avons prévu des rencontres avec les représentants syndicaux du secteur pour essayer de trouver une riposte. Je demande aux membres du nouveau gouvernement de faire la route entre Sfax et Gabès et ils jugeront de la gravité de ce phénomène. Et puis ce marché parallèle des carburants n’est pas sans risque et il constitue une menace pour une dizaine de milliers d’emplois. Il faut faire quelque chose pour y mettre fin.
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